Projet DGSE/DCRI

Roger.Guy · Nov 14, 2014

benjaltf4_ said: ↑

Chiffrer Roger, Chiffrer.

2c(4ç647_7 ?

TRDTRD324564 · May 26, 2015

La DGSI travaille dans son coin, les services d'espionnage extérieur aussi, le tout sous la chape de plomb du secret défense. Les services sont censés partager leurs tuyaux, mais, en réalité, chaque chasseur garde son gibier. Visiblement, la DGSI n'avait pas eu en mainles informations opérationnelles obtenues par Washington sur les déplacements au Yémen des frères Kouachi., les auteurs de la fusillade à Charlie, un Yémen évoqué par l'un des deux lorsqu'il emmène de force l'une de nos déssinatrices jusqu'au journal, ce 7 janvier, puis aussi lorsqu'il ouvre le feu dans les locaux. Ces infos ont-elles réellement été fournies à la France par les Américains, comme ils l'assurent ? La DGSE en a t elle été la destinataire, oubliant de rebasculer à la DGSI ? Encore un point à éclaircir. Selon lesdernières hypothèses, l'organisation yéménite Al-Qaida dans la péninsule arabique aurait en effet envoyé les Kouachi commettre leur oeuvre barbare au journal, DAECH était commanditaire des atrocités de Coulibaly, le troisième tueur.
Manuel Valls promet donc de prendre de nouvelles mesures afin de renforcer encore un arsenal déjà ultra répréssif, voire de couper des têtes. Oubliant, dans un bel exercice de communication, que l'organisation du renseignement d'aujourd'hui n'est autre que son grand oeuvre.

Laurent Léger, Charlie Hebdo 14/01/15

Roger.Guy · May 28, 2015

Déjà que Washington de 2001 n'avait peut-être pas bien pris au sérieux les infos des services Français (ou alors ils l'ont fait exprès et alors on comprend que chez re-open 911 certains aient la bave aux lèvres, comme des loups qui cavalent depuis bientôt 14 ans)

Déjà que le conseil de l'Europe n'avait pas été raccord avec le Cdt Massoud quand il était venu leur expliquer ce qui risquait de se passer, quelques mois avant de se faire dézinguer par ceux qui savaient qu'il allait leur poser problème en Afghanistan (il avait des problèmes avec les talibans Massoud ; ils n'étaient pas d'accord sur certains trucs...)
Il y a plusieurs façons de lire le 11 septembre 2001
(au niveau évènementiel, pour le conjoncturel et le structurel, il faut voir avec des pointures ; pas des baltringues comme moi ou un paquet d'autres ; baltringues sur cette histoire)

Roger.Guy · Jun 30, 2015

Qui n'a pas sa fiche S ?
Demandez votre fiche S !
C'est gratuit et ça sert à rien

En tant que citoyen et en vertu des principes de 1793,
je veux voir la fiche S d'Alain Bauer et de Paul Bismuth.
Sinon je fais sauter quelque chose.

John Duff · Jul 1, 2015

L'un d'entre vous a-t-il déjà reçu une réponse positive de leur part ?
Je me demande quel genres d'infos ils mettent dedans.

Roger.Guy · Jul 1, 2015

Faut lire le thread depuis le début ; ça évite de poser des questions connes.

John Duff · Jul 1, 2015

Roger.Guy said: ↑

Faut lire le thread depuis le début ; ça évite de poser des questions connes.

Dans ce thread : pas de réponse positive / pas d'infos sur ce qu'ils mettent dans les rapports qu'ils veulent bien envoyer.
Ou alors j'ai encore loupé un truc ?

Roger.Guy · Jul 1, 2015

Il me semble qu'il y a un fichier image d'une réponse ; je peux me tromper, ça m'arrive souvent (heureusement)
Sinon, ils le disent pas pourquoi ils t'ont collé une fiche S
(après tu te retrouves dans le même tiroir que des Mehra and Co ; la rage!)

Roger.Guy · Mar 4, 2016

cf. : https://www.mediapart.fr/journal/fr...t-dgsi-sceptiques-face-la-reponse-securitaire

Les patrons des DGSE et DGSI sceptiques face à la «réponse sécuritaire»

1 mars 2016 | Par Matthieu Suc
Les directeurs des deux services de renseignement, Bernard Bajolet (DGSE) et Patrick Calvar (DGSI), prônent une réponse globale pour lutter contre le terrorisme. Leur discours se démarque de celui du gouvernement.
e sont des hommes de peu de mots. Ils refusent les interventions dans l’espace médiatique et leurs auditions dans le cadre des commissions d’enquête parlementaire sont le plus souvent interdites à la presse pour cause de secret-défense. L’audition conjointe de Bernard Bajolet et de Patrick Calvar, signalée par le site Zone militaire (ici), n’en a que plus de valeur. Cela s'est passé le mercredi 17 février devant la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat.
Si Mediapart ne peut pas être suspecté d’indulgence avec les services de renseignement (voir ici par exemple), force est de constater que les patrons de la DGSE et de la DGSI, avec l’expression mesurée qui est la leur, n’ont pas manié la langue de bois. « Je suis convaincu, à titre personnel, que la réponse sécuritaire n'est que partielle et ne résoudra pas le phénomène », affirme Patrick Calvar.
View attachment flic-meinau.jpg?width=3500&height=2375&wid Intervention policière dans la cité de la Meinau à Strasbourg, en 2014, pour interpeller des djihadistes de retour de Syrie. © Reuters
Selon le patron du renseignement intérieur, les plus de 300 jeunes arrêtés par son service « n'ont aucun espoir, ils n’ont pas d'existence en tant qu'individu, ils ne sont "personne". Une fois qu'ils sont passés dans le monde de la barbarie, cela change, mais au départ, ce que nous entendons est bien un cri de désespoir ». Il s’avoue démuni face à ces « individus déshumanisés, revenus à l'état d’animaux » : « Si nous les interceptons, qu'allons-nous en faire ? Faut-il les maintenir en prison à vie ? Il y a là un problème psychiatrique. » Et le maître-espion de conclure : « C’est une question pour notre société. »

Patrick Calvar offre là un contrepoint au discours martial de celui qui l’a placé en 2012 à la tête de la DCRI (pas encore devenue DGSI), le ministre de l’intérieur de l’époque Manuel Valls. Lorsque M. Calvar s’interroge – « Nous ne pouvons pas ne pas nous demander : qu'est-ce qui pousse une gamine de 15 ans à partir de Syrie, ou un gamin de quinze ans à poignarder un enseignant juif ? (…) Nous sommes comme le Samu : nous traitons l'urgence, pas le mal de fond » –, ses propos se révèlent aux antipodes de ceux du Premier ministre qui martèle qu’« expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser ».
Au cours de son audition, le patron de la DGSI reçoit le soutien de celui de la DGSE. Bernard Bajolet, qui assure par ailleurs qu’il « n'y a pas l'épaisseur d'une feuille de papier à cigarette entre nos deux services », tient à préciser : « À mon tour de souligner que la réponse sécuritaire seule ne suffit pas. (…) Nous avons besoin d'une réponse politique. » S’il se place davantage sur un plan géopolitique en disant cela, évoquant l’aide à apporter en Irak, en Syrie ou en Libye, le propos a d’autant plus de force que M. Bajolet est un proche du président de la République, qui vient d’ailleurs de faire modifier la loi pour prolonger son mandat à la tête de la DGSE, comme Mediapart l’avait révélé.
View attachment bajolet.jpg?width=973&height=1460&width_fo Bernard Bajolet à l'Elysée en 2012. © Reuters

Par ailleurs, les deux patrons de la DGSI et de la DGSE reconnaissent leur part de responsabilités, « l’échec » de leurs services dès lors qu’un attentat survient dans l’Hexagone ou vise des ressortissants à l’étranger. « Nous n'avons pu éviter les attentats du 13 novembre ni les attaques du Radisson Blu à Bamako ou du Cappuccino à Ouagadougou », avoue Bernard Bajolet.
Son homologue du renseignement intérieur pointe le problème clef pour notre démocratie : « Jusqu'à quel point sommes-nous prêts à aliéner des libertés pour notre sécurité ? » Car, selon M. Calvar, la menace terroriste est « de nature à déstabiliser notre société ». Et de préciser que, face au risque de guerre civile, son service surveille également « des groupes extrémistes à l'opposé du spectre, qui n'attendent que de nouveaux actes terroristes pour engager une confrontation violente ».
Le ton très libre des paroles qui précèdent rend d’autant plus inquiétante la mise en garde finale du patron de la DGSI, qui a reconnu disposer « d'informations faisant état de la présence de commandos sur le sol européen, dont nous ignorons la localisation et l’objectif » et a auguré que « l'Europe fera sans nul doute face à d'autres attentats majeurs. La France reste en première ligne ».

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« Jusqu'à quel point sommes-nous prêts à aliéner des libertés pour notre sécurité ? »

Pour certains, loin AMHA ; ils ne peuvent vive en dehors du champ de couverture des miradors.

Certains parce que sinon, ils ne peuvent s'empêcher de faire les cons
D'autres parce qu'ils ne se sentent pas en sécurité si ils ne sont pas entourés de miradors.

Nous sommes comme le Samu : nous traitons l'urgence, pas le mal de fond » –, ses propos se révèlent aux antipodes de ceux du Premier ministre qui martèle qu’« expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser ».

« Nous ne pouvons pas ne pas nous demander : qu'est-ce qui pousse une gamine de 15 ans à partir de Syrie, ou un gamin de quinze ans à poignarder un enseignant juif ?

individus déshumanisés, revenus à l'état d’animaux » : « Si nous les interceptons, qu'allons-nous en faire ? Faut-il les maintenir en prison à vie ? Il y a là un problème psychiatrique. » Et le maître-espion de conclure : « C’est une question pour notre société. »

Copieur

face au risque de guerre civile, son service surveille également « des groupes extrémistes à l'opposé du spectre, qui n'attendent que de nouveaux actes terroristes pour engager une confrontation violente ».

Tutafait

Roger.Guy · Mar 4, 2016

Je vais aider la DGSI ; ils n'ont pas de temps à perdre avec la planète Machin

"The wave Man said: ↑

Nous prévoyant une catastrophe naturel pour le 9 mars mais cela est -t- il réel ???

C'est cela ta catastrophe naturelle ?

Hollande se craint foutu si les jeunes vont dans la rue

4 mars 2016 | Par Lénaïg Bredoux et Faïza Zerouala
Depuis l’appel à manifester le 9 mars lancé par vingt organisations de jeunesse, le gouvernement redoute des manifestations massives, dix ans après le CPE. « Un mouvement social, des provocations, et un drame… Cela fait sauter un gouvernement », dit un ministre.
« C’est pour la jeunesse de notre pays que je veux présider la France. » Cette phrase, François Hollande l’a prononcée en janvier 2012, lors de son discours du Bourget. Il promettait alors de faire de la jeunesse la priorité de son quinquennat. Quatre ans plus tard, le président de la République est confronté à l'une de ses pires craintes : un mouvement des étudiants, des lycéens et des jeunes salariés contre le projet de loi de réforme du Code du travail.
De nombreuses organisations de jeunesse, syndicales (CGT Jeunes, Solidaires étudiant-e-s, Unef, UNL, etc.) et politiques (Mouvement des jeunes socialistes, Jeunes communistes, NPA Jeune, Ensemble, etc.) ont appelé à manifester le 9 mars pour demander le retrait du projet de loi, dont la présentation en conseil des ministres a été reportée à la fin mars. Relayé par les animateurs de la pétition en ligne – plus de 950 000 signatures ce vendredi matin –, l'appel est désormais soutenu par plusieurs syndicats de salariés.

Conférence de presse jeune contre la "loi travail" © Diffusion NPA
Les organisations de jeunesse estiment que le texte du gouvernement contribue à les « précariser » davantage. C’est « la goutte d’eau qui fait déborder le vase », répète en boucle William Martinet, le président de l’Unef. Et de citer les promesses non tenues de François Hollande à destination de la jeunesse comme la garantie jeune, prévue pour les moins de 25 ans en dehors des critères du RSA. « Il y a un ras-le-bol de la jeunesse. On s’est fait marcher dessus pendant quatre ans. Mine de rien, on tient notre revanche. Le seul moment où les jeunes peuvent prendre la parole, c’est lorsqu’ils descendent dans la rue. Il ne faut pas laisser passer cette occasion », estime encore le président de l’Unef.
Des assemblées générales sont prévues dans plusieurs universités, notamment à partir du 7 mars, des distributions de tracts sont organisées devant les lycées et la pédagogie sur les réseaux sociaux se poursuit. Mais impossible, à ce stade, de prédire l’ampleur de la mobilisation. Les organisations savent que leur principal défi réside dans leur capacité à traduire dans la rue une mobilisation encore virtuelle.
De leur côté, François Hollande et son gouvernement jugent que la manifestation du 9 mars devrait rester limitée. « Pour l’instant, les retours ne préfigurent pas une mobilisation extrême dans les universités. D’autant plus que le malaise de la jeunesse, évident, déborde largement les cadres des syndicats étudiants traditionnels », juge un conseiller du gouvernement. Les organisations de jeunesse ont également eu peu de temps pour mobiliser, surtout dans les zones qui sont encore en vacances (l’Île-de-France par exemple). Et contrairement au CPE de 2006 ou au CIP de 1994, la réforme ne compte aucune disposition spécifique pour les jeunes – à part sur l’apprentissage. « Cette fois, c’est un objet plus informe », estime un ministre.
Mais l’exécutif reste méfiant. Il a été totalement pris de court par la viralité de la mobilisation sur Internet. « Quand ils ont lancé leur compte Twitter @loitravail, franchement, c’était 3615 Manuel Valls contre YouTube », se marre le député PS Benoît Hamon. Surtout, ils savent que plusieurs ingrédients sont réunis : un pouvoir impopulaire, une colère de l’électorat de gauche politisé, des conditions de vie qui se dégradent pour les jeunes, un chômage toujours très élevé qui obscurcit leur avenir, et une nouvelle génération qui n’a pas connu les dernières grandes mobilisations de 2006.
« La clef, c’est la CFDT et la jeunesse. Et elle, cela fait dix ans qu’elle n’est pas passée par le rite initiatique d’un grand mouvement social », s’inquiète un ministre. « Il n’y a pas de fébrilité mais cet appel à manifester n’est pas seulement un feu de paille, explique une autre. On ne le prend pas du tout à la légère. » Preuve en est, en début de semaine, un des conseillers de François Hollande, Vincent Feltesse, a appelé plusieurs dirigeants des organisations de jeunesse pour prendre le pouls de la mobilisation à venir, et pour faire le service après-vente de la reprise de la concertation.
Pour n’importe quel gouvernement, un mouvement de la jeunesse ressemble à un cauchemar. Parce qu’il est bien souvent imprévisible, parce qu’il emporte une adhésion forte, touchant les parents et les grands-parents de ceux qui manifestent, et que brutaliser sa jeunesse est toujours une défaite politique. Les socialistes ont en tête la phrase fameuse de François Mitterrand en 1968 : « Si la jeunesse n’a pas toujours raison, la société qui la méconnaît et qui la frappe a toujours tort. »
View attachment rtxoi54.jpg?width=3496&height=1374&width_f Assemblée générale à l'université Rennes 2, en avril 2006 © Reuters
Les organisations de jeunesse le savent pertinemment. « Tout mouvement a vocation à exercer une pression sur le pouvoir. Encore plus à un an de l’élection présidentielle, évidemment. Cela peut changer la donne », explique Samya Mokhtar, pour le syndicat lycéen UNL. L’ancien président du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), Thierry Marchal-Beck, se souvient quant à lui avoir été appelé par l’Élysée en pleine affaire Leonarda, du nom de cette jeune fille expulsée vers la Roumanie et à qui le président avait finalement proposé de revenir en France, mais sans sa famille. « C’était la première fois ! Je n’avais pas eu de contact auparavant… Ils voulaient connaître mon ressenti sur l’ampleur de la mobilisation. »
« Un mouvement étudiant ou lycéen, c’est comme le dentifrice. Vous pouvez le faire sortir du tube mais vous ne pouvez plus le faire rentrer », rappelle Gwenegan Bui, suppléant de Marylise Lebranchu à l'Assemblée et ancien dirigeant du MJS. Ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui sont restés marqués par les mouvements de 1986 (contre la loi Devaquet), 1994 (contre le CIP de Balladur), 1995 (contre les projets Juppé), les mouvements lycéens de 1998 et 1999, et par celui contre le CPE, en 2006. Et ils ont en tête le spectre de la catastrophe : la mort, en 1986, de Malik Oussekine. « Un mouvement social, des provocations, des violences, et un drame… Cela fait sauter un gouvernement », résume un ministre. Sans compter que la France est actuellement sous état d’urgence.
« Dans ma formation syndicale, l’histoire de 1986 était structurante, raconte Caroline De Haas, une des initiatrices de la pétition et ancienne dirigeante de l’Unef. Depuis la mort de Malik Oussekine, on savait que la droite avait peur des mouvements de jeunesse. Pendant le CPE, on le sentait. » « Un mouvement de jeunesse sort toujours des cadres, rappelle-t-elle. Il fait irruption sur la scène publique et peut vite devenir un truc pas maîtrisable de leur point de vue. »

etc...

in https://www.mediapart.fr/journal/fr...e-craint-foutu-si-les-jeunes-vont-dans-la-rue
Je peux copier la totalité de l'article pour les non-abonnés ; il suffit de demander.

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On va consoler le P.R
cf. : http://www.marianne.net/elie-pense/...il-si-impopulaire-vraie-raison-100240728.html

Pourquoi Hollande est-il si impopulaire ? La vraie raison

Avec une cote de popularité à 17%, François Hollande plonge en grande profondeur dans les sondages. Mais est-ce simplement parce qu'il n'a pas tenu ses promesses ? Pas du tout…

Sipa
Dans un article paru ce jeudi 3 mars sur Le Figaro, le sondeur Jérôme Sainte-Marie nous apprend que jamais, sous la Vème République, un président n’a atteint des cotes d’impopularité aussi catastrophiques que François Hollande.
Il faut s’interroger sur les raisons de ce phénomène, qui, d’après moi, ne sont pas celles que l’on a tendance à mettre en avant.
Cette impopularité n’est liée :
1. Ni au fait de ne pas avoir tenu ses promesses électorales :

De Gaulle n’avait pas été élu pour accorder son indépendance à l’Algérie — bien au contraire ; Pompidou n’avait pas été élu pour faire entrer la Grande-Bretagne dans l’ Europe – bien au contraire ; Giscard n’avait pas été élu par la droite pour légaliser l’IVG, la contraception et le divorce par consentement mutuel ; Mitterrand n’avait pas été élu pour créer l’Union Européenne économiquement ultralibérale de l’ Acte Unique Européen et du traité de Maastricht — bien au contraire ; Sarkozy n’avait pas été élu pour débaucher des personnalités socialistes, pour répondre à la crise de 2008 en augmentant la dette de la France, ni pour retarder l’âge de la retraite.
En fait, l’accélération des changements du monde fait qu’aucun président ne peut prévoir ce qu’il sera amené à faire au cours de son mandat, et il n’y a aucune raison pour que l’opinion publique en tienne davantage rigueur à Hollande qu’à ses prédécesseurs.
2. Ni au fait d’avoir mené une politique économique de droite…

…Puisque l’électorat s’apprête, dans 15 mois, à le remplacer par un président qui mènera une politique plus à droite que la sienne, c’est-à-dire un ex-UMP, quel qu’il soit. Et que si, par extraordinaire, un socialiste avait une chance de succéder à Hollande si celui-ci ne se représentait pas, ce ne pourrait être que Manuel Valls, encore plus « blairiste » que lui, et certainement ni Martine Aubry ni un quelconque « frondeur » — sans parler des représentants de « la gauche de la gauche » du PS, tels que Mélenchon.
3. Ni au fait de ne pas avoir obtenu les résultats annoncés :

Ses prédecesseurs ont échoué dans leurs promesses de réduire le chômage de masse ou de retrouver la croissance (« Contre le chômage, on a tout essayé », Mitterrand ; « J'irai chercher chaque point de croissance avec les dents », Sarkozy), sans atteindre pour autant ces records d'impopularité.

Il me semble que la vraie raison de l’impopularité de Hollande tient au fait qu’il donne l’impression d’un président indécis, ce qui est incompatible avec cette monarchie élective qu’est la Vème République, et au contresens de communication qu’a constitué cette idée de se présenter comme un « président normal » pour cette fonction qui n’est justement pas une fonction normale :
1 – Il ne peut pas tenir à ses troupes un discours conforme à sa politique. Celle-ci doit être présentée au Parti Socialiste, à ses militants, à ses électeurs, comme une politique « socialiste » au sens qu’avait ce mot jusqu’au milieu du XXème siècle. Ne pas pouvoir assumer verbalement ses changements d’orientation, comme ont su le faire ses prédécesseurs, constitue un énorme handicap et donne une impression permanente d’incohérence et de flou idéologique, qui ne peuvent qu’inquiéter l’opinion dans cette période d’incertitudes que nous vivons face à un monde nouveau, et où elle attend d’un président qu’ il la rassure en montrant qu’il sait ce qu’il veut et qu’il fait ce qu’il dit.
2 – Mais surtout, son « habileté tacticienne » se retourne contre lui et, alors qu’il espère en retirer une sorte de consensus (toujours la synthèse…), il ne provoque que déception et sentiment d’indécision permanente, car toutes les réformes (et elles ont été nombreuses) se sont faites sur le mode déconcertant de « deux pas en avant, un pas en arrière », or seul ce dernier marque les esprits :

Le mariage pour tous a abandonné en route son aspect le plus important, qui est l’autorisation du recours à la PMA (Procréation Médicalement Assistée) pour les couples homosexuels – promesse ni tenue ni reniée, mais simplement « oubliée » ; d’où une suite sans fin de manifestations, alors qu’il a été adopté en 48 heures en Grande-Bretagne, parce que ce pays avait commencé par régler préalablement la question de la PMA.

Des réformes qui méritaient de longues discussions, comme la déchéance de la nationalité pour les auteurs d’actes terroristes, la loi du travail de Myriam El Khomri ou la diminution de la période d’égalité du temps de parole des partis politiques à la télévision auraient dû être entamées bien plus tôt ; mais lancées à 15 mois de l’élection présidentielle, elles ne peuvent apparaître que comme de simples astuces électoralistes destinées à embarrasser la droite, en la mettant dans l'obligation de les voter.

Au total, c’est la trop grande habileté politicienne de Hollande et son incapacité à énoncer clairement les principes de la politique qu’il mène qui sont les vraies causes de l’impopularité exceptionnelle d’un président que les Français s’apprêtent à remplacer par un autre qui mènera à peu près la même politique, mais en l’assumant sans états d’âme, et en les rassurant parce qu’il leur donnera le sentiment de savoir où il va.

C'est HS par rapport au projet initial du thread par contre ça a le mérite de dédiaboliser le schmilblick.

DGSE/DGSI comme un hydre ....
Alors que ce ne sont que des gens comme vous et moi.
(eux aussi ils font pipi, caca toussa)

Roger.Guy · Mar 4, 2016

D'ailleurs je récidive (comme disait l'autre)

« Jusqu'à quel point sommes-nous prêts à aliéner des libertés pour notre sécurité ? »

(voir supra )

Mais en dehors de ce jeu chafouin se pose une véritable question de fond : jusqu’où doit-on se mettre à nu pour lutter contre le terrorisme ?
Chez nous, on est bétonnés. Les Français font désormais partie des populations les plus surveillées des pays occidentaux. Un texte vient d’ailleurs d’être notifié à Bruxelles : il s’agit de « piéger » les antennes relais des réseaux 3G et 4G (et demain 5G) afin de capter en direct les conversations et les données échangées. Le député Éric Ciotti, lui, a déposé un amendement de loi afin d’ajouter au code pénal un article qui ferait des constructeurs de smartphones des délinquants potentiels s’ils ne prévoient pas la possibilité de décrypter leurs appareils. La sanction serait de deux millions d’euros d’amende et d’une interdiction de vente durant une année sur le territoire français. D’ici qu’on soit obligés d’aller acheter son IPhone en Belgique…
Alors que notre député pavoisait à l’Assemblée nationale, un juge américain décidait, dans une affaire qui concerne un simple dealer, que le FBI outrepassait ses prérogatives en demandant à Apple de déverrouiller son IPhone. Selon lui, cette requête est inconstitutionnelle. Or les Américains, eux, ne modifient pas leur constitution pour un oui pour un non. Sauf erreur de ma part, le dernier amendement doit remonter à 1992. Il avait été déposé deux siècles auparavant.
Quel chemin parcouru ces dernières années ! En 2001, par exemple, un juge américain a refusé au FBI de simplement farfouiller dans l’ordinateur d’un suspect, le Français Zacarias Moussaoui. Et pourtant…
Moussaoui a été arrêté le mois précédent les attentats contre les tours du World Trade Center. Il avait attiré l’attention alors qu’il s’était inscrit pour suivre des cours de pilotage sur un simulateur de vol de Boeing 747 – notamment après avoir surpris ses instructeurs en leur déclarant (bien naïvement) qu’il ne s’intéressait ni au décollage de l’appareil ni à l’atterrissage… Un simple contrôle d’identité permet alors aux autorités de s’apercevoir que son visa de séjour est périmé. Il est pris en charge par une agente du FBI, Coleen Rowley, une enquêtrice chevronnée qui n’a besoin d’aucun algorithme pour sentir la patate. Elle transmet une demande d’information à la France. C’est alors que deux choses étonnantes se produisent : - 1/ La DST possède un dossier sur le bonhomme, qui fait d’ailleurs l’objet d’une fiche d’attention (son nom apparaît également dans une procédure menée par le juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière). – 2/ Les informations parviennent au FBI en un temps record. Forte de ces renseignements et des témoignages qu’elle a recueillis, Coleen Rowley, mollement soutenue par sa hiérarchie, demande un mandat pour inspecter l’ordinateur de son suspect. Elle ne le sait pas, mais il lui reste dix jours pour agir. La réponse du juge coupe net son élan : c’est non ! Les éléments qu’elle présente ne sont pas suffisamment édifiants pour transgresser le droit à la vie privée d’une personne dont le seul motif de détention est de se trouver en situation irrégulière sur le sol américain.
Pour masquer cette bévue, les autorités américaines ont d’ailleurs tenté de faire passer Zacarias Moussaoui pour fou. En tout cas les juges, eux, l’ont estimé responsable de ses actes.
Le 3 mai 2006, devant un tribunal de Virginie, aux États-Unis, à la veille de ses 38 ans, il a écopé d’une peine de prison à vie pour avoir « activement participé » par son silence au complot qui a abouti aux attentats du 11-Septembre. Ce Français, né à Saint-Jean-de-Luz, dans les Pyrénées-Atlantiques, est le seul détenu condamné à la suite du détournement de quatre avions de ligne qui a abouti au drame que l’on connaît. Un autre suspect, celui qui est considéré comme l’organisateur de ce scénario insensé, bronze rayé au soleil de Guantanamo. Il sera peut-être jugé à son tour, le jour où cette prison militaire deviendra un musée – un musée des horreurs.
Évidemment, les informations contenues dans l’ordinateur de Moussaoui n'auraient pas permis de déjouer les attentats, mais, recoupées avec les renseignements de la CIA et de la DST, cela aurait peut-être sonné comme un signal d’alarme…
Cette histoire montre que nous ne sommes pas prêts de trouver un équilibre entre deux impératifs : lutter contre le terrorisme et sauvegarder les libertés publiques. C’est l’enjeu du différend entre Apple et le FBI. Et, comme les chances de déjouer un attentat sont quasi inexistantes, dans ce « conflit d’intérêts », il n'y a qu'une seule certitude : on détricote notre société.

in http://moreas.blog.lemonde.fr/2016/03/01/apple-une-pomme-de-discorde/
(article complet)

Problêmatique trop large pour se retrouver dans le thread sur l'état d'urgence ou la loi sur le renseignement.

leon trop de ski · Mar 5, 2016

John Duff said: ↑

L'un d'entre vous a-t-il déjà reçu une réponse positive de leur part ?
Je me demande quel genres d'infos ils mettent dedans.

rouen ?

John Duff · Mar 13, 2016

leon trop de ski said: ↑

rouen ?

Dans l'eau !
Je te laisse jouer, je passe mon tour

Roger.Guy · May 24, 2016

Pas simple visiblement
cf. : https://www.mediapart.fr/journal/fr...rvices-secrets-13-james-bond-contre-systeme-d

La vie quotidienne des services secrets (1/3): James Bond contre Système D

15 mai 2016 | Par Matthieu Suc
Alors que la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015 débute lundi avec les auditions des pontes des services de renseignement, Mediapart dévoile le quotidien de ceux qui, sur le terrain, luttent contre les terroristes. Où il apparaît que, malgré la débauche de moyens alloués au lendemain des attentats contre Charlie Hebdo et du 13-Novembre, les contre-espions français doivent toujours improviser avec des bouts de ficelle.
Vous conduisez une voiture de fonction banalisée. Chef de groupe à la DGSI, vous êtes aux trousses d’un islamiste. Alors que vous collez au train, à distance raisonnable, de votre objectif, dans le premier virage un peu serré, vous percevez un bruit. Qui vient de l’arrière. Dans le second virage, ce bruit se fait plus précis. Cling-cling. Dans le troisième virage, le cliquetis en provenance du coffre envahit l'habitacle. CLING-CLING. Vous ralentissez.
Un peu plus tôt, à 14 heures ce vendredi, quand vous quémandiez les clefs du dernier des quatre véhicules du service, votre chef de section se révélait nerveux.
« Ah, tu veux la voiture ? Mais pourquoi ? »
Vous lui expliquez. Les autres automobiles sont déjà attribuées au reste de votre équipe. Il n’a pas le choix. Il vous refile les clefs. À contrecœur.
« Tu feras attention à mes courses ! »
À l’issue de la filature, infructueuse, vous découvrirez dans le coffre les victuailles, bouteilles de vin incluses, nécessaires aux festivités prévues par votre chef pour son week-end. Heureusement pour vous, les bouteilles rentreront intactes.
Un autre jour, un autre département, un autre groupe. Vous aussi, vous filochez un islamiste. Vous l’abandonnez à 16 heures pétantes, l’horaire imposé par votre supérieur pour récupérer la voiture de fonction dont il se réserve l’usage.
« Surtout tu n’enlèves pas le siège enfant ! » vous a-t-il mis en garde.
À votre retour, il récupérera le véhicule et foncera à l’école chercher son gosse.
Deux antennes DGSI, une même illustration d’un système dévoyé.
View attachment dessin1.jpg?width=2008&height=1434&width_f © Jacques Guillet
Au sein de la police, vous composez pourtant une caste à part, la communauté du renseignement. Vous faites partie des quelque 3 400 contre-espions assermentés secret-défense ou des 2 900 officiers du renseignement territorial (RT, les ex-renseignements généraux, RG) qui, à Paris comme en province, aspirent à le devenir. De vous dépend la sécurité de vos concitoyens, de vos voisins, de votre famille. On vous imagine tout-puissants, des Jack Bauer insubmersibles, connectés au monde entier en une nanoseconde. On se trompe.
Depuis votre bureau, vous regardez l'annonce de la création de l'État islamique, vous écoutez son porte-parole menacer de s’en prendre à la France et à ses ressortissants. Vous connaissez les chiffres alarmants, les quelque 600 Français ou résidents partis en Syrie, les 240 rentrés, les 150 morts sur place, les 3 000 islamistes à surveiller un peu partout dans l’Hexagone. Vous savez la tâche énorme. Mais il ne se passe rien.
Vous continuez à arrêter les djihadistes de retour de Syrie à la descente d'avion ou quelques jours après. Vous déjouez des projets d’attentats vaguement définis, les “bleus” de la sécurité publique tuent un illuminé avec son couteau. Et c’est tout. Alors vous regardez votre collègue de bureau, vous lui dites que ce n'est pas possible, que vous n'êtes pas si bons. Vous riez tous les deux. Dans l’attente du pire.
Et puis il y a Charlie Hebdo. Et puis il y a Montrouge et l’Hyper Cacher. Et puis il y a une automobiliste tuée à Villejuif, un patron décapité dans l’Isère, le Thalys. Et puis il y a les carnages du 13-Novembre. Vous ne rigolez plus.
Janvier 2015, le gouvernement doit réagir, annonce la création de 500 nouveaux postes pour la DGSI, autant pour les renseignements territoriaux (RT) et 100 pour la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris (DRPP), et 233 millions d’euros de crédits d’investissement, d’équipement et de fonctionnement dispatchés sur l’ensemble du ministère de l’intérieur, dont 12 millions d’euros affectés à la DGSI pour lui permettre d’investir dans des moyens technologiques (à en croire le rapport sur la surveillance des filières et des individus djihadistes de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale).
Novembre 2015, le gouvernement doit réagir, encore, faire des annonces, encore. Cette fois, 5 000 postes supplémentaires pour l’ensemble de la police et de la gendarmerie sur deux ans, ainsi que l’état d’urgence, qui s’installe et se pérennise.
Au fur et à mesure, les renforts arrivent. Vous vous serrez pour les accueillir. À Paris, au sein des effectifs de la DRPP, comme pour le reste de la population de la capitale, la pression immobilière est forte. Jusqu’ici, vous étiez 67 à la section antiterrorisme, là, vous passez à 167. Dans des locaux vétustes et inchangés sur l’île de la Cité.
Vous vous retrouvez à dix là où vous étiez quatre ou cinq par bureau. Les premiers temps, les petits nouveaux n’ont même pas de casier où déposer leurs affaires. On finit par leur donner des ordinateurs tout neufs. Il faut faire sans climatisation. « On crève de chaud, c’est crade, il y a des souris », suffoque Marine, une ancienne du service, dans l’attente de récupérer des bureaux dédiés à l’accueil des immigrés et aux cartes grises.
À la DGSI, vous respirez mieux, vous êtes trois par bureau. Mais, dans les antennes départementales, vous êtes hébergés dans les hôtels de police de la sécurité publique. Et pas toujours de manière discrète pour un service supposé secret. Sur une boîte aux lettres d’un bâtiment de grande couronne, figurait en toutes lettres « direction départementale de la sécurité intérieure »… Vous êtes tributaires de la place que l’on veut bien vous allouer. Vous n’avez pas de salle de réunion, pas de salle d’état-major avec des lignes vous permettant de diriger à distance vos gars sur un dispositif de surveillance. Alors, vous le faites depuis votre téléphone portable, devant votre ordinateur, en espérant que votre voisin ne sera pas trop bruyant tandis que vous délivrez vos instructions.
Pour vous, malgré les millions d’euros débloqués, rien n’a changé. Dans le bureau d’à côté, vos collègues, qui traitent une autre matière que le terrorisme islamique, s'ennuient. Dans le vôtre, la nouvelle affaire est prioritaire. L’ancienne aussi. En fait, toutes les affaires sont prioritaires. Et toujours ce problème de locomotion.
Le parc automobile reste inchangé. On dénombre, en gros, un véhicule pour cinq fonctionnaires. « Dans mon service, nous avons recruté quatre personnes supplémentaires mais pas une voiture de plus, compte un agent des renseignements territoriaux. Résultat : nous nous sommes renforcés mais c’est inutile. Des fois, on nous demande de produire une note sur un événement mais, faute de véhicule disponible, on ne peut pas se rendre sur place. »
View attachment dessin3.jpg?width=980&height=694&width_for © Jacques Guillet
Fabrice est un des membres de « T », la sous-direction chargée du contre-terrorisme à la DGSI. « Tes chefs te disent : “Il faut faire des dispos.” Tu leur dis : “OK, il nous faudra trois véhicules”, ils te répondent : “Mais pour quoi faire ?” Tu n’es pas parti qu’ils te demandent à quelle heure tu seras rentré. Ça les stresse. Sans compter qu’entre midi et deux, le parking est désert, toutes les voitures ont disparu. Alors tu te décourages, tu prends l’habitude de ne plus faire de surveillance. » Un collègue de Fabrice à la DGSI lorgne avec envie sur les drones mis à disposition pour les filatures du MI5, le contre-espionnage anglais.
Chez vous, on ne vole pas aussi haut. Lorsque votre groupe qui se consacre aux filatures se fait « détroncher », repérer par ceux qu’ils surveillaient dans le jargon policier, vous décrochez et racontez votre mésaventure, de retour à Levallois-Perret, le siège de la DGSI. Ça fait partie du métier, ça arrive souvent. Sauf que là, le lendemain, les plaques d’immatriculation de vos véhicules sont réaffectées, par économie, aux voitures d’un autre groupe destiné lui aussi à filocher des islamistes.
Karl, un syndicaliste qui n’a jamais officié dans un service de renseignement mais fréquente nombre de ces agents de l’ombre, se désole : « Alors qu’on sait que les partisans de l’État islamique en France prennent des photos de nos véhicules, on donne ces plaques à d’autres policiers. Comme cela, on grille deux groupes de surveillance plutôt qu’un… C’est consternant. »

La constance du pupitreur

Sinon, à part les surveillances, vous avez, en matière de renseignement, recours aux précieuses « interceptions de sécurité », ces écoutes téléphoniques dites administratives – en opposition avec les judiciaires, c’est-à-dire autorisées par un magistrat. Elles sont aussi appelées, dans le langage policier, « les GIC », du nom du groupement interministériel de contrôle, l’organisme en charge de réaliser ces interceptions sous l’autorité du premier ministre.
Et là encore, cela nécessite de gérer des contingences matérielles. Le nombre de « GIC » pouvant être réalisés simultanément est limité, ainsi, en 2013, il n’y avait « que » 1 785 écoutes enregistrées en même temps pour l’ensemble des services de police et de renseignement du ministère de l’intérieur. Alors, vous tapotez sur votre ordinateur pour justifier votre demande de branchement.
Vous l’adressez à votre chef de section, qui la transmet à la centrale de Levallois-Perret, qui l’envoie à la place Beauvau, qui fait suivre au GIC, qui soumet pour avis à la commission nationale de contrôle des techniques de renseignement qui, dans la très grande majorité des cas, dit oui (en 2013, la précédente commission avait donné un avis défavorable à 82 reprises pour 6 092 réponses positives), le premier ministre signe alors l’autorisation d’interception.
Mais, parfois, la centrale de Levallois oublie de transmettre votre demande et vous la renvoie parce que le délai est désormais dépassé. Il faut alors tout recommencer. Et si votre demande a été acceptée et votre islamiste branché, ce n’est pas pour autant que vous en avez terminé avec les corvées.
À la centrale de la DGSI, des hommes sont détachés permanents à la principale station du GIC, celle sous les Invalides. Ils retranscrivent les écoutes, enfin, seulement les parties concernées par l’autorisation d’interception de sécurité, par exemple les conversations portant sur un projet terroriste. Mais, dès lors que l’islamiste ciblé évoque au téléphone un autre crime ou délit, disons un trafic de drogue, les policiers ont l’obligation d’arrêter leur saisie, jusqu’à ce que l’objectif se remette à parler d’attentat.
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Une fois retranscrites, les écoutes sont envoyées à Levallois. Oui mais voilà, tous les documents tamponnés DGSI ont le sceau secret-défense (ou diffusion restreinte, ou confidentiel défense ou très secret-défense) et le secret-défense ne se transmet pas par des moyens électroniques, il pourrait être piraté. Alors, les retranscriptions des écoutes arrivent à Levallois sous format papier et là, d’autres agents sont chargés de saisir à nouveau les mêmes conversations de terroristes. Entre vous, vous surnommez « les pupitreurs » ceux qui « tapent au kilomètre »et ne font que ça de leur journée.
Dans un service décentralisé, la problématique de la gestion du parc automobile revient, quand bien même il est question d’écoute téléphonique. L’antenne DGSI de Fabrice se trouve à une vingtaine de kilomètres de son centre d’interception, situé dans un département voisin. S’y rendre s’apparente à une odyssée administrative.
« Tous les mardis après-midi, il faut rendre la synthèse de ta thématique (l’islam radical, pour mon groupe) dans laquelle tu résumes tout ce que tu as fait sur tes dossiers. Donc théoriquement, tous les lundis matin, il faudrait aller au GIC pour te mettre à jour sur tes écoutes. Sauf que, la plupart du temps, il n’y a pas assez de véhicules, alors tu attends que ton chef de section arrive avec la voiture du service qu’il a privatisée. Du coup, tu ne décolles pas avant 9 heures et demie du service. Pour rentabiliser, on fait du covoiturage. Mais si ton collègue n’en a que pour une matinée de boulot et toi pour la journée, eh bien, il est obligé d’attendre que tu aies fini de décrypter tes écoutes. Et généralement, on repart avant 15 heures pour éviter les embouteillages. »
Dans un mail en date du 27 janvier 2015 que Mediapart a consulté, un agent des RT se plaint que, basé au Mans, il doive effectuer un trajet de deux heures et demie aller-retour pour se rendre au GIC le plus proche, celui de Tours. Le sénateur Philippe Dominati s’étonne, le 7 octobre 2015, dans son rapport d’information sur les moyens consacrés au renseignement, que, dans un département où il s’est rendu, « aucune interception de sécurité ne pouvait être effectuée par le service car la station la plus proche était trop éloignée ».

View attachment dessin8-1.jpg?width=331&height=394&width_f © Jacques Guillet
Ces contraintes du quotidien pourraient prêter à sourire si elles ne faisaient pas courir un risque pour la sécurité nationale. Une légende, déjà racontée ici, circule dans les rangs des services de renseignement. Dans un dossier, un groupe de la DGSI avait six mois de retard dans la retranscription de ses « GIC ». Lorsqu’ils finissent par écouter les bandes, une angoisse rétrospective étreint les agents : leurs clients projetaient de commettre un attentat sous la tour Eiffel. Finalement, les terroristes ne mettront jamais à exécution leur plan. Et les officiers en seront quitte pour une bonne suée.
Interrogé, un officier avait répondu n’en avoir jamais entendu parler mais que ce genre de désagréments est très courant. La DGSI aurait les plus grandes difficultés à trouver des interprètes dans certaines langues, le tchétchène par exemple, et dans ce cas, les écoutes s’accumulent…
Karl, le syndicaliste, ne cache pas son amertume. « On pensait qu’après les attentats, il allait y avoir une prise de conscience, qu’avec les annonces gouvernementales, cela allait s’améliorer. Mais, en fait, rien n’a bougé. » Dans une commune de banlieue parisienne, des associations musulmanes font des appels aux dons en faveur de mosquées qui n’existent pas. L’information a été signalée au service de renseignement du secteur, qui n’a pas fait de vérification : les appels aux dons ont lieu le dimanche.
« Il faudrait payer une astreinte pour les collègues, réquisitionner des véhicules, ça coûterait trop cher, s’exaspère Karl. Quand vous expliquez à l’administration que pour obtenir du renseignement, il est nécessaire d’organiser des filatures, on vous rétorque : “Pourquoi voulez-vous des moyens supplémentaires sur le terrain ? Vous avez des ordinateurs, il faut les exploiter !”… »
Parlons-en, des ordinateurs.
Les renseignements territoriaux sont supposés « détecter les signaux faibles de radicalisation », selon la présentation qu’en fait Bernard Cazeneuve (ici). Philippe Dominati évoque, dans son rapport précité, un service départemental du renseignement territorial (SDRT) qu’il a visité et qui « ne disposait que d’un seul poste internet pour treize agents ». Ce n’est pas tout à fait exact.
Les vieux PC des RT bénéficient d’une connexion internet, commune à tout le personnel de l’hôtel de police, or le système informatique de la police nationale, baptisé Orion, est bridé. Ils ont beau avoir le plus haut degré d’habilitation, « Orion 3 », il ne permet pas de surfer sur des sites sensibles, ceux-là mêmes susceptibles de receler des renseignements intéressants. Afin d’y remédier, il avait été décidé d’installer un poste informatique dédié dans chaque SDRT, permettant l’accès libre des fonctionnaires à Internet.
En 2013, les députés Jean-Jacques Urvoas et Patrice Verchère signalaient dans leur rapport d’information sur l’évaluation du cadre juridique applicable aux services de renseignement, qu’un seul poste libéré de toute entrave par service « bien évidemment, ne suffit généralement pas et il en découle un temps d’attente relativement long pour y accéder… ». Trois ans plus tard, la moitié du contingent des services de renseignement de la place Beauvau ne peut toujours pas surfer sur des sites pro-islamistes, néofascistes ou d’ultra-gauche.
« On reçoit encore des notes nous rappelant qu’il ne faut pas aller sur les sites racistes ou porno. Il faudrait savoir si on nous fait confiance ? Dans le renseignement, forcément, tu es borderline, forcément, tu vas voir des choses peu ragoûtantes », vitupère Yann, un vieux RT dont nous ferons plus amplement connaissance dans le prochain article.
« Nous sommes une vingtaine à nous partager le poste débloqué ADSL, ça rame. Au final, personne ne s’en sert », reconnaît un collègue de Yann. Alors, dans leur service, on préfère encore utiliser son propre ordinateur et solliciter la hiérarchie pour débloquer le filtre. Depuis les attentats, ils obtiennent systématiquement gain de cause en moins de 24 heures. C’est déjà ça. En attendant, ils ont perdu une journée pour avoir le droit de consulter un site internet.
Reste une dernière difficulté face à laquelle il n’y a pas, à l’heure actuelle, de remède. Les ordinateurs dépendent du réseau du ministère de l’intérieur, l’adresse IP, lorsque on surfe sur des sites extrémistes, est identifiable, et si d’aventure on souhaite envoyer un message à un suspect, c’est depuis sa boîte mail à l’adresse « interieur.gouv.fr »…
Aussi les officiers réclament-ils des ordinateurs non rattachés à l’abonnement internet du ministère de l’intérieur mais, pour l’heure, le service informatique de la sécurité publique, la direction à laquelle les RT sont rattachés, s’y oppose « pour des raisons de sécurité ».
Mission impossible

À quoi ressemble un policier travaillant dans un service de renseignement ? À n’importe quel autre policier. Les mêmes costumes fatigués, les mêmes fringues décontractées. Mathilde, elle, porte un tailleur sage. Si elle est plus apprêtée que la moyenne de ses collègues, la réalité qu’elle décrit se révèle beaucoup moins reluisante que ses tenues. De tous les rendez-vous effectués dans le cadre de cette enquête, il s’est révélé le plus désespérant à propos de la situation actuelle. Je m’attendais à rencontrer des agents de la DGSI lassés d’être mis sur la sellette après chaque attentat et entonnant l’air du « on est les mal-aimés ». Je savais la grogne qui règne chez certains à la DRPP à l’encontre de leur hiérarchie. Je m’imaginais, en revanche, rencontrer des agents des RT regonflés.
Surtout Mathilde, rentrée dans le service en 2008 et donc peu susceptible d’être nostalgique des renseignements généraux. Cette année-là en effet, Nicolas Sarkozy, qui les vouait aux gémonies, tua les RG pour dissoudre l’essentiel de leurs effectifs dans sa DCRI naissante, pas encore devenue DGSI. Le reliquat fut reversé dans une entité créée pour l’occasion et sans réels moyens, la Sous-direction de l’information générale (SDIG). Durant cinq ans, les dinosaures des RG ont eu l’impression d’être méprisés par le pouvoir alors en place. Le SDIG était le parent très pauvre de la communauté du renseignement, au rang de laquelle il ne figurait d’ailleurs même pas officiellement. « Nous travaillons avec des bouts de ficelle, du sang et des larmes », confiait l’un de ses représentants aux députés Jean-Jacques Urvoas et Patrice Verchère dans leur rapport précité.
Manuel Valls et Bernard Cazeneuve en tiraient les conséquences et remplaçaient la SDIG, mal née, par le Service central du renseignement territorial (SCRT), y mettaient à sa tête Jérôme Léonnet, l'un des auteurs du rapport d’analyse sur l’affaire Merah, qui jouit d’une bonne réputation, y compris parmi ses troupes. Au lendemain des attentats de janvier puis de novembre, messieurs Valls et Cazeneuve prenaient soin dans leurs discours d’associer les RT au dispositif global pour lutter contre le terrorisme. Enfin, la période de purgatoire était achevée. Enfin, des politiques avaient compris ce que le Syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI), le seul syndicat de police à s’être opposé à la réforme du renseignement en 2008, criait alors : le maillage territorial des ex-RG est primordial pour faire remonter les fameux « signaux de faible intensité de radicalisation ».
Aussi, pour y parvenir, on embauche. De 1 500 en 2008, les effectifs sont déjà passés à 2 000 en 2015 et devraient atteindre les 2 500 agents d’ici un an. Ce qui fera dire au ministre de tutelle, à propos du SCRT, lors de sa première audition devant la commission d’enquête parlementaire sur les attentats : « Il est déjà opérationnel, et nous lui donnons des moyens supplémentaires, y compris sur le plan technologique. […] D’ores et déjà, dans la lutte antiterroriste, il est tout à fait à pied d’œuvre. »
Bref, s’il y avait des officiers de renseignement heureux, c’étaient eux. Ceux qu’on envoie sur le terrain, pour discuter avec les dirigeants d’entreprise, avec les représentants syndicaux, avec les directeurs d’établissement scolaire, avec les imams, les rabbins, les curés, avec les sociétés de transport et les services de sécurité des centres commerciaux, avec les bailleurs sociaux, avec les gardiens d’immeuble, avec les grands frères, avec les petits dealeurs. Ils sont de nouveau aux premières loges pour observer quelqu’un basculer dans l’islam radical ou toute forme de violence armée.

View attachment dessin9.jpg?width=777&height=542&width_for © Jacques Guillet
Une vision du job dans laquelle ne se retrouve pas la réalité du travail des RT, à en croire Mathilde, loin de là. « Quel que soit le groupe dans lequel on se trouve : “violences urbaines”, “économie et social”, “communautaires et minorités”, ‘‘ intégration républicaine ’’, ce ne sont que des appellations non discriminantes mais on ne traite essentiellement que de l’islam radical. On nous demande de détecter tous les profils susceptibles d’être dangereux, mais ce n’est pas réaliste. Nous sommes inondés de signalements. Auxquels s’ajoute le suivi réactualisé de ceux qu’on a déjà traités. En une seule journée, on peut avoir jusqu’à six signalements nouveaux qui tombent. Le groupe “Islam”, composé de trois officiers chez nous, doit suivre deux cents suspects. Tout le service est amené à en faire pour les décharger mais ça reste de l’ordre de la mission impossible. »
Par signalements, Mathilde entend la plateforme téléphonique mise en place en avril 2014. Dès lors que l’appel permet de mettre en évidence des signes objectifs de radicalisation ou d’une implication, potentielle ou avérée, dans une filière djihadiste, il fait l’objet d’une fiche transmise à la DGSI et au SCRT. Déjà, à l’automne 2014, Fabrice, l’officier de la DSGI, disait à ce sujet : « On est submergé par le travail supplémentaire induit par le numéro vert. Ce n’est pas une mauvaise chose, mais les dénonciations se multiplient et n’ont pas forcément à voir avec le terrorisme. Certaines femmes disent que leur mari ou ex-mari vire djihadiste dans l’espoir d’obtenir la garde des enfants ou tout simplement un divorce plus avantageux. On finit toujours par établir la vérité. Le problème, c’est que cela prend du temps de démêler le vrai du faux. Des tas de dossiers viennent ainsi polluer notre travail. »
Maintenant, ces dossiers litigieux, ce sont les RT qui en héritent. Alors comment s’y prennent-ils ? « On bricole, avoue Mathilde. Certes, on évalue les personnes signalées mais sans aller sur le terrain. On passe deux ou trois coups de fil à ceux qui ont dénoncé la personne en voie de radicalisation, le plus souvent ses parents, sa famille. S’il étudie encore, on téléphone à l’établissement scolaire du suspect. Et c’est tout. On ne va pas voir les voisins, les copains, les copines. On n’a pas le temps, pas les effectifs pour faire ça… » Et pour le suivi réactualisé, ils se contentent de rappeler les interlocuteurs qu’ils ont eus la première fois, leur demandent si ça va, si quelque chose a changé dans le comportement du suspect. Ils ne font pas d’analyse prospective sur leur secteur, ne discutent pas avec le monde associatif. « Les responsables des mosquées, on en rencontre parfois, mais uniquement s’ils acceptent de se déplacer », se désespère Mathilde.

View attachment dessin10.jpg?width=1136&height=732&width_f © Jacques Guillet
À ces propos, on songe à Yassin Salhi. En 2013, selon Le Monde, un voisin d’immeuble à Besançon appelle la gendarmerie pour signaler un comportement suspect. Salhi organiserait des « réunions de barbus hebdomadaires » dans son appartement, où il serait question de « djihad ». Les RT rédigent une note au printemps 2014 reproduisant les déclarations du voisin et projettent de le rencontrer. Mais ce dernier aurait refusé de répondre à l’invitation des policiers, qui n’insistent pas. Le dossier est transmis à l’antenne locale de la DGSI, qui fait une réquisition aux opérateurs pour récupérer la ligne téléphonique de l’islamiste, sans succès. Pas plus que ceux des RT, les agents de la DGSI ne se déplacent dans le quartier, ne procèdent à une enquête de voisinage. Quelques mois plus tard, Yassin Salhi décapite son patron et tente, en vain, de faire exploser une usine Seveso dans l’Isère.
Deux mois avant que Salhi ne passe à l’acte, le sénateur Jean-Pierre Sueur tirait la sonnette d’alarme dans un rapport sur les filières djihadistes : « La charge de travail des services a considérablement crû avec la mise en place des dispositifs de signalement. [Cela] risque d’aboutir à ce que certaines situations ne fassent pas l’objet d’un traitement approprié. » En dépit des efforts consentis ces derniers mois, le sénateur Philippe Dominati concluait, le 7 octobre 2015, que « le renseignement territorial demeure le “parent pauvre” du renseignement intérieur ».
Avec quelques progrès tout de même d’après un officier affecté en province que je croise par hasard, gare de Lyon à Paris, dans les derniers jours de mon enquête. Lui qui avait refusé de répondre à mes questions il y a trois mois, confirme les difficultés décrites par ses collègues mais vante les succès rencontrés par « D7 », la division nationale de la recherche et de l'appui des RT. De création récente, elle s’occupe de réaliser les surveillances et filatures les plus sensibles et compte six déclinaisons zonales implantées à Lille, Metz, Lyon, Marseille, Bordeaux et Rennes. « Cela comble un manque. Les gars sont très efficaces, ils nous ont ramené de précieux renseignements », assure-t-il sans vouloir détailler. On ne demande qu’à le croire, il n’a aucun intérêt à défendre les résultats de « D7 ».
La Ferme

Une chaise de chaque côté d’une table rectangulaire au milieu d’une grande pièce vide et impersonnelle, des murs gris. La rencontre avec Marine se déroule à l’extérieur de la DRPP, pas dans son bureau exigu et ouvert aux quatre vents ainsi qu’aux oreilles indiscrètes. Elle a accepté le principe d’un entretien avec un journaliste – pour la première fois de sa carrière, assure-t-elle – parce qu’elle veut « taper dans la fourmilière ». Les discours des politiques comme de ses patrons l’exaspèrent : « Il faut arrêter de dire qu’on ne fait pas de bêtises. Le 13-Novembre, on a loupé quelque chose… Je ne sais pas quoi… Je cherche encore… On cherche tous… Mais on n’a pas été bons, on n’a pas fait le minimum qu’on est en droit d’attendre de nous… Il faut que cela change. Nous sommes toujours motivés, nous voulons continuer et empêcher le prochain attentat. » Alors Marine parle : « Je vous préviens, j’ai des choses à dire, j’espère que vous avez du temps devant vous », elle parle durant près de trois heures.
Elle raconte les petites contraintes, qui entravent, d’après elle, le bon exercice de son métier. Un exemple parmi d’autres, le suivi des manifestations parisiennes dont la charge incombe à la DRPP. « Autrefois, on filmait les manifestants. Pas pour s’en servir à leur encontre mais juste pour recompter leur nombre. Le législateur est intervenu. Désormais, il nous faut demander une autorisation et si on nous l’accorde, nous n’avons le droit que de filmer les gens de dos. N’importe qui peut filmer une manif et poster la vidéo sur YouTube. Moi, si je fais une captation avec mon téléphone, je serai sanctionnée. En revanche, si je vais récupérer votre vidéo postée sur YouTube, eh bien ça, c’est autorisé… »
Son vrai travail, Marine l’effectue en dehors de ses heures de service. « Le soir, une fois débarrassée de toutes les tâches qu’on nous colle sur le dos, je sors pour rencontrer ceux sur lesquels je travaille ou leurs proches. Vous croyez que cela m’amuse d’aller manger, de me montrer sympathique avec des gens pour lesquels je n’éprouve aucune sympathie ? Dans des lieux où le moindre de vos propos peut être mal interprété ? Vous devez toujours rester sur le qui-vive et en même temps “séduire” votre interlocuteur, entretenir le mythe de l’agent secret. Parce qu’en vérité, on n’a rien à leur offrir. Avant, on pouvait au moins faire sauter leur P.-V., même ça on n’a plus le droit… »
Un de ses homologues des RT regrette, lui, les enquêtes administratives de naturalisation. « Cela nous permettait de faire du donnant-donnant et d’obtenir des renseignements sur un quartier, une communauté. Ce n’était pas du chantage, nous n’émettions qu’un avis. Mais désormais, le préfet nous envoie les candidats qu’il a déjà présélectionnés. »
Dans son service, chaque agent ne bénéficierait que de 30 euros par mois de notes de frais. « Cela englobe l’achat de clefs USB, comme les cafés que tu payes à ta source. Avec ça, tu ne vas pas loin. Il nous a fallu attendre deux ans pour obtenir des cartes de visite », peste-t-il.
View attachment dessin11.jpg?width=1399&height=865&width_f © Jacques Guillet
Dans une étude réalisée sur « le métier du renseignement » en mars 2015, Alliance, le syndicat majoritaire chez les gardiens de la paix, s’étouffait de voir les policiers « obligés de régler des cafés, des restaurants sur leurs propres deniers à leurs informateurs », et pointait le cas au Mans d’un brigadier qui, en quatre ans, avait dépensé 800 euros en invitation pour ses sources et n’a jamais été défrayé.
Du coup, le rapport d’information sur les moyens consacrés au renseignement du sénateur Philippe Dominati permet de douter de la pertinence des efforts consentis par le gouvernement pour renforcer son arsenal antiterroriste. Des communications officielles comme des témoignages récoltés par Mediapart, on croit comprendre que l’essentiel des fonds alloués porte sur la création de postes supplémentaires afin de traiter au mieux la foule d’islamistes radicaux.
Or, d’après la comparaison effectuée par le sénateur Dominati, nos services de renseignement intérieur ne seraient pas en sous-effectifs par rapport à leurs cousins européens. Bien au contraire. On compte 9 agents de la DGSI, du SCRT et de la DRPP pour 100 000 habitants, contre 6 pour le MI5 anglais, 5 pour la Sûreté de l’État belge et 3 pour le BfV allemand.
Surtout, écrit le sénateur, « la part des dépenses de personnel a atteint un niveau critique au sein de certains services, au détriment des dépenses de fonctionnement et d’investissement ». Selon lui, « ce déséquilibre se traduit déjà par des difficultés opérationnelles importantes ».
Les autres rapports parlementaires de l’année écoulée tirent tous des conclusions similaires. Jean-Pierre Raffarin souligne « l’impérieuse nécessité de revaloriser au moins à hauteur de 50 % le montant octroyé aux services de renseignement ». Les fonds spéciaux, qui s’élèvent à 43,7 millions d’euros pour 2016, sont destinés au « financement d’activités nécessitant de rester confidentielles ou requérant une grande réactivité opérationnelle ». Jean-Pierre Sueur s’inquiète du « retard manifeste de notre pays par rapport à ses partenaires, comme le Royaume-Uni ou les États-Unis, en matière de capacités d’action des services spécialisés », et regrette que « l’exercice de leurs missions s’effectue souvent […] en utilisant “la débrouille”, “le système D” ».
Moins parlantes pour le grand public que les annonces d’effectifs supplémentaires, les dépenses de fonctionnement et d’investissement permettraient d’améliorer le quotidien des services de renseignement tant pour faciliter la récolte d’informations que pour assurer leur sécurité.

View attachment dessin2.jpg?width=2008&height=1434&width_f © Jacques Guillet
La première fois que je me suis rendu, il y a sept ans, au siège de la DGSI, j’ai remarqué, en tournant dans le quartier, ce parking souterrain anonyme. Quoique discret, son usage ne faisait aucun doute. Au fil des ans et des conversations, plusieurs officiers ont exprimé leurs critiques sur ce parking, à leurs yeux insuffisamment protégé.
Bien sûr, un escadron de gendarmerie patrouille dans les environs depuis que, le lendemain de la tuerie de Charlie Hebdo, une rumeur à propos des frères Kouachi s’était répandue dans les étages : « ILS ARRIVENT ! » La présence des militaires est supposée prévenir toutes tentatives d’attaques terroristes.
Il y a quelques semaines, un incident, qui resterait anecdotique s’il ne concernait pas le bunker présumé de la DGSI, a éclairé d’un jour cruel la problématique de sécurisation des locaux. À Levallois, deux bâtiments partagent la même adresse au 84, rue de Villiers. Le premier, géant de verre et de métal, ne s’offre à vous qu’après exhibition de patte blanche et franchissement de sas de sécurité. Le second, modeste mais chic, accueille tous ceux qui ont un portefeuille bien garni. « La Ferme de Levallois » est une supérette bio où il n’est pas rare de croiser Christian Clavier et Jean Reno, venus en voisins depuis Neuilly faire leurs courses au rayon épicerie fine. Puisqu'ils partagent la même adresse, certains officiers désignent avec humour leur QG « La Ferme », par opposition à « La Piscine », le mythique siège des cousins de la DGSE, boulevard Mortier à Paris
Ce jour-là, une retraitée de 82 ans souhaite se rendre à « La Ferme », la supérette bien sûr. En voiture, elle fait le tour du pâté de maison à la recherche du parking de son magasin préféré quand elle avise un véhicule s’engouffrant dans un souterrain. La barrière n’a pas le temps de se renfermer que l’octogénaire se faufile à sa suite. Des hommes en armes lui font signe mais elle ne les voit pas dans son rétroviseur. Ils courent après elle et la retrouvent s’impatientant devant l’ascenseur sécurisé. « Je ne comprends pas, il doit être en panne, je n’arrive pas à monter à la Ferme », dit-elle. Parce que c’est la norme en cas d’intrusion, sa voiture sera passée au peigne fin par les démineurs.
Résumons : une retraitée de 82 ans a réussi à pénétrer chez vous, dans l'antre supposée ultra-sécurisée du « FBI à la française ». On s’esclaffe en cœur. Soudain, votre visage se fige, vos yeux se voilent, croit-on deviner, d’un soupçon de tristesse. Évidemment, c’est drôle. Mais quelque part, vous en avez marre. Vous ne voulez plus rire.

Accès libre
À lire également, le billet de blog : Épitaphe pour un espion 2.0

Roger.Guy · May 24, 2016

Voir ce qui concerne Mehra
Ca devrait calmer l'autre taré qui voyait des complots partout
(il devrait regarder en dessous de son lit : il y a des araignées porteuses de mini-micros
C'est mieux que les micro-moustaches )

cf. : https://www.mediapart.fr/journal/fr...-23-la-gestion-chaotique-des-sources-humaines

La vie quotidienne des services secrets (2/3): la gestion chaotique des sources humaines

22 mai 2016 | Par Matthieu Suc
Alors que la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015 interroge lundi les patrons des principaux services de renseignement français, Mediapart poursuit son enquête sur le quotidien de ceux qui, sur le terrain, luttent contre les terroristes. Aujourd’hui, la gestion, chaotique, des sources humaines après le traumatisme de l’affaire Merah.
Longtemps, le maître-espion n’a été pour les médias qu’une ombre chinoise. Puis sa silhouette, massive, s’est esquissée dans la cour de la place Beauvau, s’est précisée en arrière-plan lors des réunions de crise, au lendemain des attentats ou au cours de voyages officiels. Là où certains fonctionnaires arrivistes jouent des coudes, on le retrouvait en queue de cortège de la délégation, le plus loin possible du ministre de l’intérieur et des objectifs.

View attachment s2e03.jpg?width=222&height=363&width_forma © Jacques Guillet
Patrick Calvar est un maître-espion et, comme tout maître-espion, moins on parle de lui, plus il est heureux. Il fuit la presse, a fait passer le message par les communicants de Beauvau aux caméramans et photographes qu'il ne fallait pas immortaliser son image, ce qui est illusoire quand on a le titre de directeur général et que l'on dirige le principal service de renseignement intérieur français.
Le son de sa voix, lui, reste un mystère. Jamais le patron de la DGSI ne prend la parole en public. Ce qui est dommage car, quand il s’exprime en huis clos devant la représentation nationale, il a des choses à dire.
Lors de son audition devant la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, le 17 février (dont Mediapart s’était fait l’écho ici), Patrick Calvar se démarquait du discours gouvernemental : « Je suis convaincu, à titre personnel, que la réponse sécuritaire n'est que partielle et ne résoudra pas le phénomène. […] Nous avons arrêté plus de 300 personnes ; que nous disent ces jeunes ? Qu'ils n'ont aucun espoir ; qu'ils n'ont pas d'existence en tant qu'individu, qu'ils ne sont “personne”. Une fois qu'ils sont passés dans le monde de la barbarie, cela change, mais au départ, ce que nous entendons est bien un cri de désespoir. »
View attachment s2e04.jpg?width=931&height=508&width_forma © Jacques Guillet
Mardi 10 mai, devant la commission de la défense nationale et des forces armées, de l’Assemblée nationale cette fois, où il réitère ses convictions – « Si l’on se limite à une réponse sécuritaire, on se trompe » –, Patrick Calvar profite de l’occasion pour tenter de désamorcer une polémique, notamment portée dans le débat public par Mediapart (lire ici) : les services de renseignement français seraient obsédés par le tout technologique, entre algorithmes, Big data et IMSI-catcher, au détriment de l’humain, des filatures, des indics.
« J’entends […] démythifier tout ce qu’on dit en permanence sur le renseignement technique et le renseignement humain, car cette distinction ne signifie rien, assène-t-il. Voilà trente-neuf ans que j’exerce ce métier : il y a le renseignement et ensuite les méthodes par lesquelles on peut l’obtenir, l’essentiel étant de l’obtenir. »
Des propos qui ont dû résonner étrangement aux oreilles de certains locataires de « La Ferme », surnom du siège de la DGSI à Levallois-Perret. Le lundi 9 mai, soit la veille de son audition devant les députés, Patrick Calvar s’exprime lors d'une réunion interne devant un parterre d’officiers et leur passe un savon à propos du retard pris dans l’utilisation des nouveaux joujoux autorisés par la loi dite Renseignement du printemps 2015.
D’après un témoin de la scène, le patron de la DGSI aurait dit à ses hommes : « Vous avez manqué le train de la technologie, vous ne l’avez même pas vu partir ! C’est fini le renseignement à la papa ! Les sources humaines, c’est pour les RT. » Allusion aux Renseignements territoriaux, les ex-RG, qui assurent le maillage territorial et sont supposés faire remonter « les signaux de faible intensité de radicalisation ». Interrogé vendredi soir par mail à propos de cette citation et sur d'autres points de l'article, Patrick Calvar n'a pas répondu.
Contrairement à ce qu’il affirme devant les députés, le maître-espion nourrirait donc un amour modéré pour les sources humaines. Et ce alors que ce Breton, né à Madagascar où son père, gendarme, était en poste, a démarré sa carrière à la DST (l’ancêtre de la DGSI) au moment où s’achevait l’affaire Farewell, nom de code donné à Vladimir Vetrov, un transfuge du KGB, plus célèbre taupe de l’histoire de l’espionnage français. Et que c’est son modèle dans le métier, Raymond Nart, le patron de la direction soviétique à la DST, qui était alors à la manœuvre.
Patrick Calvar rêve d’une DGSI ayant l’efficacité et le cloisonnement du MI5 anglais, qu’il a pu approcher lors d’une affectation en tant qu’attaché de sécurité à l’ambassade de France à Londres à la fin des années 1990. « Oui, mais au MI5, ils sont 200 pour traiter les sources humaines, rien que pour l’islamisme radical sunnite. À la centrale, chez nous, le même service ne compte que 10 personnes », déplore un analyste en poste à « La Ferme ».
View attachment s2e01.jpg?width=640&height=457&width_forma © Jacques Guillet
Dans l’après-midi du 7 janvier 2015, des chefs passaient dans les bureaux demander si les uns ou les autres avaient « des sources humaines au contact des frères Kouachi ». « Sous-entendu : des sources qui nous auraient enfumé, décrypte l’analyste. Il ne s’agissait pas d’espérer avoir un contact qui puisse nous mener aux tueurs qui venaient de décimer Charlie Hebdo. Quand on a dit qu’on n’en avait pas, cela a été le soulagement pour nos chefs ! » D’après lui, « la source humaine fait peur à Calvar. Pour lui, ça n’apporte que des problèmes. C’est le traumatisme Merah ».
La défection de Mohamed Merah

Audition du témoin Hassan L., officier de renseignement à la DCRI Toulouse, chez le juge d’instruction Christophe Teissier, le 23 octobre 2012.
LE TÉMOIN : Je suis analyste opérationnel sur la thématique de l’islam radical. Je suis brigadier de police. Je fais un suivi de la menace et de la mouvance islamiste radicale sous toutes ses formes que ce soit salafiste, tabligh, Frères musulmans… Mon domaine d’action se circonscrit à la région Midi-Pyrénées. […] J’avais en portefeuille sept dossiers de personnes susceptibles et désireuses de se rendre en zone de djihad. En revanche, je n’avais qu’un dossier d’une personne qui s’était rendue en Afghanistan et il s’agissait de Mohamed Merah.
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Hassan et Mohamed se retrouvent au bout du fil, le mercredi 21 mars 2012. Un membre du RAID a jeté un talkie-walkie sur le balcon de Merah en échange d’un Colt 45 ayant servi à perpétrer ses sept assassinats. Le djihadiste de 23 ans est retranché dans son appartement toulousain avec les armes et les fantômes de ses victimes, les trois parachutistes, le professeur du collège, Ozar Hatorah, et les trois petits écoliers, tous abattus entre le 11 et le 19 mars. Comme il est le policier qui le connaît le mieux, Hassan a été appelé en urgence au PC de crise. Il se retrouve à quelques centaines de mètres de celui qui, pendant près de deux ans, a été son objectif. On colle un talkie-walkie à Hassan. Sa mission consiste à faire parler le terroriste, à l’amener, au fil de la conversation, à l’idée de se rendre. Alors, ils discutent. De leur relation, de l'audition de l'un par l'autre, le 14 novembre 2011. Ils refont l’histoire. Leur dialogue [lire ci-dessous] est reconstitué à partir de leur transcription intégrale révélée par Libération [et qu’on peut lire dans son intégralité ici].
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Audition du témoin Hassan L., officier de renseignement à la DCRI Toulouse, chez le juge d’instruction Christophe Teissier, le 23 octobre 2012.
LE TÉMOIN : La direction centrale nous a demandé de planifier un entretien administratif. [...] Le service a été destinataire d’un appel téléphonique de Mohamed Merah depuis le Pakistan pour s’enquérir de l’objet de la convocation. Il lui a été indiqué que c’était dans le cadre de ses voyages dans des zones sensibles. […] Mohamed Merah nous a indiqué qu’il était au Pakistan et qu’il ne pouvait pas venir, il s’est alors engagé à nous contacter dès son retour à Toulouse. […] Je suis allé une fois chez [lui], il s’agissait uniquement pour moi de planifier l’entretien du 14 novembre car, à cette époque-là, Mohamed Merah, malade, était réticent […], ne voulait venir qu’à un horaire qui ne convenait pas à la centrale et c’est donc dans ces conditions que je me suis déplacé chez lui afin d’aplanir ces difficultés. C’est Paris qui a décidé de procéder à cet entretien administratif en faisant venir deux fonctionnaires parisiens. La centrale a exigé que ça soit ces deux fonctionnaires qui mènent l’intégralité de cet entretien. J’ai cependant assisté à celui-ci mais seulement en tant que référent local et de façon purement passive.
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« Toi et ton directeur, vous allez vous faire taper sur les doigts. Vous auriez pu arrêter, vous auriez pu empêcher ce massacre. […] Ça, je crois que c’est une des plus grandes erreurs de ta carrière.
— Oh, une erreur non. […] Sache qu’à l’entretien, je croyais un mot sur deux de ce que tu disais. Donc je savais à peu près ton potentiel. Sache que, avant de te convoquer, j’avais déjà, euh, une petite idée sur ta personne. »
View attachment s2e05.jpg?width=1287&height=1213&width_for © Jacques Guillet
Audition du témoin Hassan L., officier de renseignement à la DCRI Toulouse, chez le juge d’instruction Christophe Teissier, le 23 octobre 2012.
LE TÉMOIN : Mohamed Merah était très fatigué, il était sujet à de fortes migraines et très peu de temps après le début de l’entretien, il a demandé à s’allonger. Ce qui lui a été accordé en raison de son état. L’entretien a eu pour objet principal de retracer son parcours. Mohamed Merah nous a présenté une clé USB. Sur celle-ci figuraient des photos […]. Toutes ces photos étaient des photos de tourisme, aucune plus-value opérationnelle ne pouvait en être tirée.
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« Mon but précis c’était de faire beaucoup de pays comme le Liban, la Turquie, tout ça. […] Comme ça, j’ai plein de visas dans mon passeport. […] Franchement, toi, t’y as cru ? Honnêtement, t’y as cru à cette histoire de tourisme ? […] Si vous [aviez] été un peu plus malins, […] vous auriez regardé depuis où j’ai envoyé mes mails. J’ai fait beaucoup d’erreurs. […] J’étais en pleine zone tribale dans le Waziristan et j’ai envoyé des e-mails à ma mère pour lui dire que j’allais bien, pour pas qu’elle s’inquiète. Rien que ça, vous auriez su d’où il vient l’e-mail, vous auriez vite compris que j’étais dans les zones tribales.
— Ah, tu sais, on va se faire engueuler. On n’est pas aussi bon que toi, pas aussi rusé que toi. […] Tu m’as bien roulé dans la farine, hein ?! Avoue-le. T’as été bon sur ce coup-là.
— Hamdulillah, inch’Allah. »
*
Audition du témoin Hassan L., officier de renseignement à la DCRI Toulouse, chez le juge d’instruction Christophe Teissier, le 23 octobre 2012.
LE TÉMOIN : À l’issue de l’entretien du 14 novembre, c’est Paris qui a proposé que ce soit eux qui rédigent le rapport d’entretien à l’issue duquel certaines orientations seraient proposées sans que celles-ci m’aient été communiquées.
[Le juge d’instruction lit au témoin une partie du rapport.]

View attachment compo-merah.jpg?width=630&height=1124&widt Le rapport rédigé par la DCRI à l'issue de l'entretien avec Mohamed Merah le 14 novembre 2011. © Mediapart
LE TÉMOIN : Quand on lit l’opinion que vous venez de me citer, il est vrai que cette dernière fait référence à une tentative d’approche de Mohamed Merah en tant que collaborateur. […] Face à cette suggestion qui nous a été faite par la centrale, nous n’avons jamais donné suite car, effectivement, nous avons estimé que le profil de Mohamed Merah était incompatible avec l’idée même d’un recrutement.
*
« J’espère que tu ne m’avais pas ciblé quand même ?
— Si, crois-moi que je t’avais ciblé, hamdullah. […] T’as vu ? Mon but, c’était de t’appeler, […] de faire un travail pour que tu viennes à moi et t’en aurais pris une en pleine tête. »
*
Audition du témoin Christian Ballé-Andui, le supérieur hiérarchique du brigadier Hassan L., chez le juge d’instruction Christophe Teissier, le 22 octobre 2012.
LE TÉMOIN : Mon service demandait qu’une opinion soit donnée sur la possibilité de judiciariser la situation de Mohamed Merah. […] La centrale décide d’organiser un entretien administratif que l’on appelle un débriefing préventif. […] Hassan ne participe pas à cet entretien. Je veux dire par là qu’il ne fait qu’y assister en tant que témoin. Ce sont deux « spécialistes parisiens » qui conduisent l’entretien. […] Au cours de l’entretien, son niveau de dangerosité a été revu à la baisse par les « spécialistes parisiens » qui le trouvent intéressant et pouvant présenter une utilité…

Le mauvais traitement des taupes

Qu’importe qu’à l’époque, Patrick Calvar n’ait pas été à la tête de la DCRI (sur le point d’être renommée DGSI) mais chez les cousins de la DGSE. Qu’importe que Mohamed Merah ait encore été loin d’être inscrit en tant que source du service quand il est passé à l’acte. L’image est restée : le « FBI à la française » envisageait de recruter un futur tueur d’enfants. Que ce soit à « La Ferme » ou dans les antennes zonales, régionales ou départementales, la crainte de revivre un épisode aussi humiliant revient dans toutes nos conversations. Un interlocuteur de la commission d’enquête du Sénat sur la surveillance des filières et des individus djihadistes parlera d’une « peur de manquer quelque chose » qui les habite « depuis l’affaire Merah ».
À entendre certains, la hiérarchie hésiterait aujourd’hui à l’idée de traiter une éventuelle source qui se révélerait un terroriste convaincu feignant les bons sentiments. Un officier traitant confie que certains indics, trop efficaces, sont placés sur écoute. La centrale doute de leur sincérité si les taupes infiltrées auprès des islamistes ramènent des informations trop précieuses…
Et cette peur aurait contaminé les autres services de renseignement. À la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris (DRPP), Marine se désespère. « Ce n’est plus à la mode. C’est pourtant la base mais, là, c’est déconsidéré. On fait l’inverse des Américains à qui il a fallu le 11-Septembre pour réaliser que le renseignement humain était primordial : eh bien, nous, on met nos sources en jachère… » Un membre des RT livre le sentiment général : « Partout, des collègues disent : on arrête ! Plus la peine de s’emm… Nos chefs sont méfiants, n’aiment pas ça. Cela ne vaut pas le coup. »
D’autant que, jusqu’aux attentats de 2015, le nerf de la guerre venait à manquer. Là où, autrefois, pour un musulman proche de radicaux, Marine pouvait compter sur deux mois de loyer et son billet de train pour s’assurer de son installation au cœur d’une nébuleuse islamiste à l’étranger, maintenant, elle est autorisée à dépenser 44 euros par « note de contact », c’est-à-dire un rendez-vous qui aboutira à la rédaction d’une note de renseignement.
À la DGSI, on se montre plus généreux mais sans verser non plus dans le dépensier. Les sommes varient selon la qualité de la source et du sacrifice consenti. Ainsi, un homme ayant été jusqu’à perdre son emploi pour obtenir un renseignement peut toucher un « dédommagement » de moins de 5 000 euros par an ; les familles de taupes en détention touchent, le temps de l'incarcération, entre 2 et 3 000 euros par mois. Et, bien sûr, nous précise-t-on, si l’information est vraiment importante, « alors là, il n’y a plus de plafond ».
En attendant, les sources se tarissent. À l’automne 2014, Michaël, habitué à en recruter, confessait : « La vérité, c’est que l’on n’arrive plus du tout à infiltrer les réseaux islamistes, les seules informations qui nous remontent proviennent des parents, des frères et sœurs qui nous dénoncent celui dans leur famille sur le point de partir en Syrie ou alors qui y est déjà et qu’ils veulent faire rentrer. »
Alors, pour récolter des bribes de renseignement humain, restent les entretiens administratifs. Comme celui passé par Mohamed Merah.
La DGSI les a multipliés depuis 2014. Jusqu’à 465 réalisés en un an. Ils visent ceux qui ont des velléités de rejoindre la Syrie, ceux qui en reviennent ou leurs proches. Ces auditions non coercitives, sans cadre juridique, font suite à une convocation à laquelle les individus ont la possibilité de ne pas répondre. Mais, presque à chaque fois, les islamistes y répondent favorablement.
En revanche, comme pour Merah, il est difficile d’y démêler le vrai du faux. « Ceux qui reviennent tiennent le même discours stéréotypé », détaille un intervenant de la commission d’enquête sénatoriale précitée : « Ils sont revenus car ils sont dégoûtés, on ne leur a pas laissé la possibilité de rentrer plus tôt, ils se sont échappés… Certains sont sincères, d’autres sont sans doute restés radicaux et simulent la déception. »
Les femmes de djihadistes épousent aussi un discours convenu. Sur une écoute, l’une d’entre elles répète à une amie apeurée par la perspective de son rendez-vous avec la DGSI : « De toute façon, il faut leur dire que, nous, quand nos maris font des trucs, on n'est pas forcément au courant, etc. »
Parfois, le propos se teinte d’ironie. Ainsi, ce combattant de retour de Syrie, interrogé en novembre 2013, qui assure ne nourrir aucun projet d’attentat dans l’Hexagone, convoquant pour sa défense… la patronne du Front national : « Je suis français, c’est mon pays. J’ai grandi là. Comme dit Marine Le Pen, on aime la France ou on la quitte ! »
Des stratagèmes éculés certes, mais qui suffisent parfois face à la méconnaissance de l’islam et à l'absence de toute notion de psychologie chez certains enquêteurs. Lors d’auditions, judiciaires et non administratives, dont nous avons pu consulter les procès-verbaux, les questions sont identiques d’une affaire à l’autre et laissent souvent voir leur finalité à des kilomètres. Comme les classiques : « Que signifie pour vous le djihad ? » ; « Que pensez-vous des attentats commis en France ? » ; « Aimeriez-vous vivre dans un pays où on applique la charia ? »
Ce qui vaudra une réponse narquoise de la part de Salim Benghalem – pas encore considéré alors comme l’un des cadres étrangers de l’État islamique – en 2010, lorsqu’il est interrogé dans un dossier avec Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly et qu’un policier lui demande :
« Prévoyez-vous de vous rendre en zone pakistano-afghane ?
— Non, pas du tout, mis à part dans un restaurant pakistanais que j’ai déjà fréquenté et dont je trouve la nourriture excellente. »
Les officiers de renseignement font pourtant des efforts. Certains à la DGSI ont des tapis de prière dans leurs bureaux au cas où leurs « clients » en réclameraient. Mais il reste du travail. Le Monde a révélé l’an dernier un échange surréaliste entre un gardien de la paix de la sous-direction antiterroriste et un complice éventuel de Sid Ahmed Ghlam, le tueur présumé d’une automobiliste à Villejuif. Le premier interroge le second sur un message qui se termine par ces mots : « Rabbi yahfadek. »
« Connaissez-vous le dénommé Rabbi Yahfadek ?, demande-t-il, soupçonnant qu’il pourrait s’agir là d’un commanditaire.
– Pas du tout.
– Le prénom Rabbi vous évoque-t-il quelque chose ?
– Pas du tout. »
« Rabbi Yahfadek » est une formule de politesse usuelle signifiant « Dieu te garde ».

View attachment s2e06.jpg?width=204&height=214&width_forma © Jacques Guillet
Ce manque de culture puise son explication dans deux causes énoncées dans un rapport d’information du 7 octobre 2015 sur les moyens consacrés au renseignement. Sous la plume du sénateur Philippe Dominati, on peut y lire que « la productivité des services de renseignement est freinée par les contraintes pesant sur le recrutement et la formation des agents ».
Mathilde se souvient de son arrivée en 2008 au sein de ce qu’on n’appelait pas encore les Renseignements territoriaux. « Pour moi, c’était synonyme de préretraite. Ils ne faisaient pas de saute-dessus [des interpellations en langage policier – ndlr], pas de perquisitions. Il m’a fallu beaucoup de temps pour m’adapter, trouver ma place. Au début, on ne sait pas où aller chercher le renseignement. Et, encore, j’ai été aidée par des sachants, de vieux RG qui m’ont appris le métier. Mais, aujourd’hui, la plupart ont fui vers le RI [le renseignement intérieur, la DGSI – ndlr]. Pour compenser, on a recruté des gens comme moi, venus de la Sécurité publique. Certains sont d’excellents policiers de terrain mais n’ont pas le profil approprié aux métiers du renseignement. Et quand ils arrivent, ils ne sont pas formés. Chez nous, il faut savoir et aimer écrire, analyser, recouper les informations. »
Dans son étude réalisée sur « le métier du renseignement » en mars 2015, le syndicat Alliance, majoritaire chez les gardiens de la paix, relayait les demandes de ceux qui travaillent aux RT : des formations professionnelles « en gestion des sources », des cours universitaires « sur l’islam »…
« On a dépassé ce stade [le manque de connaissance de la religion musulmane – ndlr], si on en était là, ça serait presque de l’ordre du détail, estime Mathilde. Nous perdons la culture de notre métier, il n’y a plus de transmission. Les jeunes, très motivés à leur arrivée, sont mangés à toutes les sauces. Il n’y a plus de spécialisation. Tout est vite fait et mal fait. On essaye de tout faire dans l’urgence, sans voir plus loin que la mission du jour. Comment voulez-vous qu’un fonctionnaire, recruté pour travailler sur l’économie et le social, gère un signalement pour radicalisation ? Alors qu’il n’est pas formé à cette discipline, il va devoir recueillir des renseignements pour évaluer s’il y a un caractère d’urgence ou pas… »
View attachment s2e07.jpg?width=259&height=459&width_forma © Jacques Guillet
La DGSI n’est guère mieux lotie. « Quand je suis arrivé, on m’a dit : “Tu vas avoir cet ordinateur”, et point, se remémore un officier basé dans une antenne locale. On ne m’a pas défini quelles étaient les mosquées aux prêches les plus virulents du département. Je n’ai suivi aucune formation. Les formations coûtent cher et mon chef estime que c’est une perte de temps. »
À la DRPP, Marine constate que si son service a recruté ces derniers mois une centaine d’arrivants, « c’est surtout quantitatif, pas qualitatif ». À leur embauche, certaines recrues se sont vantées sur leurs comptes personnels Facebook : « On va chasser du terroriste ! » Pas très discrets pour de futurs agents secrets.
Beaucoup déchantent. « La moitié de ceux arrivés après les attentats de Charlie Hebdo cherchent à partir », estime Mathilde. Un haut gradé de l’antiterrorisme le déplorait, avant le 13-Novembre : « Notre métier ne fait plus rêver. Nous avons des problèmes à recruter, plus personne ne veut venir dans nos services. Vous savez que vous allez travailler 24 heures/24 et que si l’un de vos objectifs passe à l’acte et commet un attentat, vous allez être pointé du doigt. »
Comme Hassan qui, s’il a tout de même été récompensé d’une Légion d’honneur, a été raillé pour les propos tenus lors de sa négociation avec Mohamed Merah, alors qu’il avait alerté dans ses notes la centrale de la DCRI de la rouerie et de la dangerosité du futur terroriste. Un officier, qui, lui, avait travaillé sur les Kouachi, ne cesse de ressasser, depuis l'attentat contre Charlie Hebdo, ce qu’il a pu rater et s’est mis en arrêt maladie.
J’ai voulu être un indic de la DGSI

Dans leur rapport d’analyse sur l’affaire Merah, en date du 19 octobre 2012, l’inspecteur général Jérôme Léonnet (aujourd’hui à la tête des RT) et le contrôleur général Guy Desprats tirent la conclusion qu’« au cours [de l’entretien], faute de préparation, les agents du Renseignement intérieur n’ont jamais été en mesure de mettre Mohamed Merah face à ses contradictions », et préconisent à l’avenir « la participation d’experts extérieurs [qui] peut permettre une appréciation plus fine lors d’une relation concernant des séjours à l’étranger. Par ailleurs, certains profils peuvent nécessiter la présence d’un psychologue pour décoder les comportements ».
Quatre ans plus tard, les recommandations du rapport Merah sont restées un vœu pieux. Dans sa récente réponse au rapport Dominati précité, la DGSI explique que les effectifs des analystes issus du monde universitaire et les techniciens ingénieurs ont été limités au maximum à 15 % des effectifs totaux du service. Et ce afin de « garantir l’identité policière du service ».
Dans son étude « Plaidoyer pour un tournant analytique du renseignement et de la prospective » (publié dans la Revue Défense nationale en décembre 2014), le chercheur Sébastien-Yves Laurent montre le contraste entre les approches américaine et française du recrutement des cadres du renseignement. Aux États-Unis, on va chercher les analystes au sein des universités, dont les programmes spécialisés sont abondamment financés par les services eux-mêmes. La préparation d’un doctorat est valorisée et les officiers sont encouragés à compléter leur formation universitaire au cours de leur carrière.
Les policiers de la DGSI se retrouvent toujours démunis lorsqu’il s’agit de décrypter l’éventuel double discours de celui qui leur fait face. « Certains djihadistes ont un problème d’ego, ils ont besoin de démontrer quelque chose, détaille Michaël. Par exemple, tu es face à un mec, affalé sur sa chaise, qui a le regard fuyant, qui susurre ses réponses. Tu évoques l’État islamique, il se redresse, sa parole devient audible, il te fixe dans les yeux. Là, il n’y a qu’un psy qui peut t’aider à trouver le bon levier, orienter tes questions en fonction de ce changement d’attitude. Et je ne suis pas psy… »
D’après nos informations, il y aurait deux psychologues en poste à la DGSI. La première est chargée du recrutement des nouveaux officiers, la seconde est censée évaluer les potentielles sources. « Mais on l’a dissuadée d’intervenir, assure l’analyste précité. Si elle se montrait trop favorable au recrutement d’une source, certains lui glissaient à l’oreille : “Tu ne vas pas écrire ça ? Tu imagines si c’est le nouveau Merah ?” »

View attachment s2e08.jpg?width=926&height=705&width_forma © Jacques Guillet
Appelons-le « C2 ». À la DGSI, la cote 2 désigne une source humaine, la cote 8 une source technique (écoute, fadettes, captation des données informatiques). En tête de chaque note de la DGSI figure C2 ou C8, selon l’origine du renseignement.
« C2 » est un islamiste au cœur de plusieurs réseaux qui, pour des raisons qu’il ne m’appartient pas d’exposer ici, a eu une envie irrépressible ces derniers mois de communiquer aux policiers ce qu’il savait. À trois reprises, il a été entendu par des agents.
« Après ce que je leur avais dit la première fois, j’étais persuadé qu’ils allaient m’entendre de nouveau. Je me préparais déjà à leurs questions. Mais rien n’est venu. Alors j’y suis retourné. Je leur ai amené des documents qu’ils m’avaient demandés. Ils avaient l’air surpris. J’avais vraiment envie de leur parler. Ils m’écoutaient sans jamais dévoiler, dans leur attitude, s’ils étaient déjà au courant ou pas de ce que je leur racontais. Je leur ai peut-être livré quelque chose qui les a fait sauter de joie. En tout cas, ils ne l’ont pas montré. Ils restent toujours courtois mais impassibles. »
D’après « C2 », la fin de l’entretien aurait été un peu précipitée. Alors que l’officier qui l’avait déjà interrogé la première fois le raccompagne à la porte, celui-ci se fait enguirlander par le gardien de la paix en faction parce qu’il a ouvert sans respecter les procédures de sécurité. « La porte s’est refermée, je les voyais à travers, toujours en train de se disputer. On ne s’est même pas dit au revoir. » L’agent ne lui a pas proposé de nouvelle rencontre. « Ils ont hésité à me laisser un numéro de téléphone. Peut-être que ce que je leur ai raconté ne les intéresse pas. J’ai surtout eu l’impression qu’ils se méfient encore de moi. »
Le dernier rendez-vous a eu lieu dans un autre service, il s’agissait de remplir des formalités administratives. « À côté de la personne qui m’avait convoqué, il y avait quelqu’un qui ne s’est pas présenté. Il était là sans être là. Il a tout de même fini par me poser des questions sur des djihadistes que j’aurais pu croiser. J’aurais préféré qu’il me présente des photos. Certains, je ne les connais que par leurs prénoms, d’autres par leurs kounyas [les surnoms arabes – ndlr]. À un moment, je lui ai lancé une pique du genre : “De toute façon, on sait très bien dans quel service vous travaillez !” Il n’a pas réagi. À la fin de l’entretien, cette personne m’a dit que ce serait bien qu’on se revoie pour prendre un café, mais il ne m’a même pas laissé sa carte. J’imagine qu’il sait bien où me contacter. »
Des mois ont passé. « C2 » ignore toujours s’il est en train de se faire recruter ou si son profil a été jugé inintéressant. Un autre islamiste, un prêcheur, qui n'a jusqu’ici jamais défrayé la chronique mais a été en périphérie d’une cellule terroriste, s’est entendu dire sur un ton se voulant plus coercitif : « On a bien vu que tu les connaissais tous. Tu vas devoir travailler avec nous. Tu n’as pas le choix ! » Sans que, à lui non plus, on ne laisse de numéro de téléphone et de nom d’agent à rappeler.
Dans le monde des services secrets, le recrutement d’une source est soumis à un formalisme très contraignant. Comme pour un contrat de travail, il y a une période d’essai. La source est immatriculée et se voit affecter un officier traitant. L’un et l’autre se voient affublés de pseudos. L’informateur ne connaîtra jamais la véritable identité de son référent. Le compte-rendu de leurs contacts fait l’objet d’une note écrite sur laquelle ne figurent que les cryptonymes. Cette production est ensuite épluchée par un analyste. « Ce flicage est nécessaire, reconnaît Michaël. On doit vérifier que ta note est sensée, les infos bonnes. »
Mais, malgré ces garde-fous, certains préfèrent judiciariser le témoignage afin de se protéger et éviter des déconvenues du type Merah.
Lors d’une table ronde à l’Assemblée nationale, le 10 mars 2015, Jean-Claude Delage, le patron du syndicat Alliance, s’est gaussé du système actuel : « Certaines personnes, sans doute mal informées, viennent encore parler à la police […]. Ces sources ne sont pas assez protégées, en particulier par l’anonymat de leur témoignage. Si elles courent un risque, elles vont se tarir et plus personne ne viendra apporter un quelconque renseignement. »
Une femme de djihadiste, qui a balancé son époux à la DCRI, raconte au téléphone à une amie son entrevue à Levallois-Perret : « Si mon mari sait, il va être vénère de ouf… […] J'ai dit : “Je coopère et tout mais faut pas me foutre dans la merde !” Tu vois ? » Celui qui l’a interrogée a, semble-t-il, oublié de lui expliquer qu’une information judiciaire est déjà ouverte et que son témoignage ainsi que la présente écoute vont figurer noir sur blanc dans le dossier d’instruction visant son mari et ses complices.
Des déboires qui font écho à ceux rencontrés par « Sonia » et révélés par RMC. En dénonçant Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur des attentats du 13-Novembre, « Sonia » a permis sa neutralisation à Saint-Denis, lors de l’assaut du RAID relaté ici par Mediapart. Parce que son témoignage est, au début, jugé peu crédible – « J’ai l’impression qu’ils me prennent pour un clown », confiera-t-elle à RMC –, il est versé en procédure et elle sera par la suite placée en garde à vue durant 48 heures, avant de recevoir les félicitations de tous pour son acte qui a évité un nouveau carnage, cette fois à La Défense. Mais le mal est fait : son identité et ses coordonnées sont inscrites dans le dossier d’instruction.
En début d’année, un djihadiste repenti s’est livré de lui-même dans un commissariat. Entendu par la DGSI, il a donné des renseignements qui ont été vérifiés et sont estimés de la plus haute importance. « On ne savait pas quoi faire de lui alors on l’a mis en prison… Pour assurer sa sécurité… », s’étouffe un officier.
Un espion très peu recherché

Au-delà de la problématique propre au renseignement, des difficultés à traiter l’islam radical et du traumatisme induit par le cas Merah, ces exemples illustrent un air du temps plus général qui règne ces dernières années au sein des forces de l’ordre. Celui qui vise à réglementer, à encadrer à l’excès les relations entre un policier et son indic, afin de se protéger, de ne pas exposer ses supérieurs et les responsables politiques. Une police de plus en plus propre, aseptisée, pour éviter de se prendre les pieds dans le tapis.
Dans une lettre ouverte à Claude Guéant, en novembre 2011, Pierre Folacci, retraité de la brigade de répression du banditisme de Marseille, s’était insurgé contre les propos du ministre de l’intérieur de l’époque qui, au lendemain de l’affaire Neyret, souhaitait « encadrer d'un soutien déontologique, juridique plus fort » les relations entre les policiers et leurs informateurs. « L'idée est belle et ambitieuse mais vous oubliez manifestement un paramètre essentiel : l'humain. […] Durant ma vie professionnelle, j'ai eu en tout et pour tout trois informateurs dignes de ce nom. Ces gens ont fait faire à mes services de très belles affaires, dont les médias se sont fait l'écho très largement en leur temps. Si je n'avais pas été “différent” avec mes informateurs, je n'aurais rien obtenu. […] Différent, c'est parfois fermer les yeux sur certaines de leurs activités pour obtenir plus important. […] Différent, c'est aussi accepter de faire un tour avec eux dans leur nouvelle voiture de luxe, tant ces gens sont souvent comme des enfants avec leurs jouets. Différent, c'est aussi accepter parfois de rencontrer leur famille à l'occasion d'une fête. […] Alors certes, oui, je me suis mis en danger, plus d'une fois. À fréquenter ces gens, j'ai fait jaser certains de mes collègues […]. Ce résultat, c'est l'humain qui l'a rendu possible. »
L’étude des quarante et une notes déclassifiées de la DGSI portant sur la surveillance des frères Kouachi entre 2010 et 2015 (révélées par Le Monde) illustre cette importance de l’indicateur et les limites des moyens techniques lorsqu’ils sont employés seuls.
View attachment compo-kouachi-1.jpg?width=640&height=1122& Dans les notes déclassifiées, de très nombreux passages sont raturés, à chaque fois que le service de renseignement estime qu'il y a là des éléments sensibles, rendant notamment identifiables leurs officiers ou leurs sources. © Mediapart

Durant au moins un an, la DGSI va avoir plusieurs – vraisemblablement trois – taupes auprès des frères Kouachi. Il est difficile d’être précis car les notes déclassifiées sont expurgées de tous les éléments les plus sensibles. Néanmoins, Mediapart a recensé à différentes reprises ce qui, dans ces notes, peut être attribué à une taupe. Une première se trouverait à Reims et renseignerait sur l’activité de Saïd, le frère aîné, mais, considère une note du 31 août 2012, « la seconde coopération avec [la source] n’a pas permis d’atteindre les objectifs espérés. Les informations ne concernant que des données inframiliales. Saïd Kouachi reste très discret sur les sujets sensibles et très méfiant avec ses interlocuteurs ». La deuxième donnerait des informations sur les départs de Chérif Kouachi de son domicile. La troisième, la plus féconde, aurait été « placée dans l’environnement » du terroriste. Une note du 4 janvier 2013 estime que « le concours de la source […] s’avère être déterminant quant au suivi de la réalisation de ses projets ». Ces renseignements humains, couplés avec des filatures, des études de flux Internet, permettent d’alimenter une riche documentation sur les frères Kouachi, établissent les liens de Chérif avec des vétérans de différentes cellules terroristes et feront écrire à un analyste, le 11 avril 2012, que le cadet des Kouachi « demeure l’un des objectifs prioritaires du service ».
Le 11 juin 2013, une des taupes « met en exergue des contacts fréquents entre la ligne fixe du domicile de Kouachi et la ligne attribuée à Boumeddiene Hayat », l’épouse d’Amedy Coulibaly… C’est la dernière fois que nous pouvons établir avec certitude un renseignement d’origine humaine. Pour des raisons que nous ignorons, les différentes sources vont cesser leurs activités. En tout cas, on ne retrouve plus leur trace dans ce qui apparaît dans les notes déclassifiées.
Des notes qui vont d’ailleurs se faire moins nombreuses. Et ce alors que « le 3 août 2013, une nouvelle interception de sécurité était néanmoins prise en urgence absolue à l’encontre de [Saïd Kouachi] suite au signalement par les partenaires américains d’une menace imminente », comme le résumera une note de la DGSI, au lendemain de la tuerie de Charlie Hebdo. Mais, sans sources humaines, la DGSI ne peut que constater que pour chacun des deux frères, « l’interception de sécurité n’avait apporté aucun résultat probant en matière d’islamisme radical ». Et la surveillance de se relâcher à quelques mois des attentats de janvier 2015.

View attachment s2e02.jpg?width=640&height=457&width_forma © Jacques Guillet
La première fois que j’ai rencontré Yann, il portait une gabardine et se tenait à une dizaine de mètres derrière une manifestation. Une caricature des RG, comme on en croise souvent lors des mouvements sociaux. On les reconnaît d’autant mieux que lorsqu’on se présente, les plus coincés refusent de dire pour quel service de police ils travaillent. Lui non.
« Yann, Renseignements généraux », s’était-il annoncé.
Par la suite, il m’a donné rendez-vous dans des parkings de centres commerciaux, nos voitures garées à des entrées différentes, les batteries retirées de nos portables. Dans l’habitacle de son véhicule, je devais recopier en cinq minutes « les blancs », les fameuses notes non signées des RG.
La dernière fois que nous nous voyons, Yann me parle de lui, de sa vie privée, qu’il a refaite. Il refuse de répondre à mes questions pour la présente enquête. Il a peur de se faire choper. Quelques mois plus tôt, un syndicaliste ironisait sur les services de renseignement en disant que la parano habitant leurs grands chefs était telle qu’ils passaient plus de temps à traquer les agents suspectés d’alimenter les journalistes qu’à chasser les terroristes.
Et puis, les digues de Yann finissent par lâcher. Un peu. Il se souvient de ses débuts dans le métier. « J’avais un commandant, il allait bouffer avec les agriculteurs. Il buvait avec eux en plein conflit social. Un jour, je l’ai récupéré, ivre mort, dans le foin. Tu vois ça, tu te demandes où tu es tombé. N’empêche que, le lendemain, les agriculteurs ont arrêté leur mouvement. Dans le renseignement, la fin justifie les moyens. Ils ne vont pas être nombreux à se mettre à table quand tu viens les voir et que tu dis :‘‘Je suis policier, racontez-moi !’’ »
Yann répète volontiers qu'il n'est pas très intelligent, qu’il n’est qu’un petit flic. On l'a vu en costume-cravate comme en sweat-capuche, aussi à l’aise avec un préfet qu’avec un gardien d’immeuble. On l’a vu faire des messes basses avec des patrons d’entreprise, des jeunes de cité. « Yann, c’est la mémoire du service ! J’apprends beaucoup avec lui », se félicitait un collègue qu’il prenait en main pour ses débuts, comme Mathilde l’avait été par d’autres anciens des RG. Yann me l’avait présenté au hasard d’une rencontre, comme plus tard je le verrai le présenter à différentes de ses sources. Yann devait considérer que j’en faisais partie. Éternel jeu de dupes entre officiers de renseignement et journalistes, qui informe qui ?, qui espionne qui ?
Est-il un contre-espion remarquable ? Non, probablement pas. En tout cas, il aime à le répéter. Juste un de ces flics qui sait sentir le pouls de son secteur et bénéficie d’un carnet d’adresses de petits indicateurs.
Ces derniers mois, les hommes politiques comme les chefs des services de renseignement multiplient les déclarations d’intention. « On dit que nos services s'appuient trop sur le renseignement technique, constate Bernard Bajolet, le patron de la DGSE lors de son audition devant la commission des affaires étrangères du Sénat. Mais nous investissons aussi dans le renseignement humain. Discret, ne figurant dans aucune statistique, le renseignement humain fait néanmoins partie des priorités de mon service ; là aussi, nous travaillons en lien avec la DGSI et les autres services français ou étrangers amis pour le recrutement de certaines sources. […] Le renseignement humain consiste à recruter des sources pour déjouer les projets terroristes. C'est très compliqué et très long mais nous progressons. »
Les taupes seraient de nouveau à la mode. Dans leurs services respectifs, Marine et Mathilde reconnaissent que, depuis les attentats, il est possible de suivre des cours d’initiation à l’islam, des stages où apprendre comment recruter une source, comment l’évaluer, la traiter. Les services retournent chercher des officiers mis au placard autrefois à cause de leur supposée trop grande proximité avec leurs contacts. Comme ce fonctionnaire d’origine maghrébine, en poste en Seine-Saint-Denis, cantonné chez lui et sur le point de se faire retirer son habilitation secret-défense. Hier, on lui reprochait « des méthodes douteuses », « des contacts opaques avec certains responsables communautaires locaux ». Aujourd’hui, il n’est plus pestiféré.
Un autre, que l’on avait mis au ban en raison de prétendues frasques sexuelles, a été approché pour revenir dans son service d’origine : c’est l’un des meilleurs connaisseurs de la communauté tchétchène. Il a envoyé paître ceux qui l’avaient un peu vite accusé.
Pour Yann, c’est trop tard. Il n’y croit plus, ne veut plus faire de vague, attend la retraite. Alors il écluse sa deuxième bière. Et le vieil officier de renseignement finit par prendre congé.

En tout cas c'est loin d'être comme ca :

Il faut absolument voir la scène du train ....

... Chef, chef, encore une femme à poil
J'ai jamais vu une enquête avec autant de femmes à poil ...
cf. : https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_vécés_étaient_fermés_de_l'intérieur

Roger.Guy · Jun 2, 2016

Dernière tartine.
cf. : https://www.mediapart.fr/journal/fr...-secrets-33-paperasse-et-politique-du-chiffre

La vie quotidienne des services secrets (3/3): Paperasse et politique du chiffre

1 juin 2016 | Par Matthieu Suc
Alors que la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015 boucle ses auditions jeudi avec celle du ministre de l’intérieur, Mediapart achève son enquête sur le quotidien des services. Récit d’une année durant laquelle l’apocalyptique a côtoyé le dérisoire.

« Je suis un vieux poulet. J’étais déjà là quand on s’appelait DST, j’étais encore là quand c’est devenu la DCRI, je suis toujours là maintenant que cela se nomme la DGSI. Ce n’est pas une mauvaise boutique mais, au fil des ans, elle a multiplié les strates. On a créé des structures fantômes pour pouvoir caser des commissaires. Il y en a trop. La DGSI, c’est le système Gamelin… »
Pour illustrer la déliquescence de son service, Michel, analyste de renseignement, aime à citer le général Maurice Gamelin, commandant en chef de l’armée française lors de la « drôle de guerre », qui considérait la ligne Maginot infranchissable et se verra reprocher d’avoir trop dilué les responsabilités au sein de la hiérarchie militaire.
« Les chefs n’assument pas, les uns et les autres se couvrent, poursuit Michel. Et pour cela, nous demandent des choses inutiles mais qui les aident à se justifier. Un exemple ? Calvar [Patrick de son prénom, patron de la DGSI] avait fixé un objectif de 750 “bleus” pour l’année 2015. À la base, les notes qu’on fait remonter à l’état-major sont sur papier blanc, l’état-major “bleuit” celles destinées à être diffusées à l’Élysée, à Matignon et aux différents ministères. Les RG faisaient des “blancs”, les notes de la DGSE sont jaunes. Il paraît que chacun choisit des couleurs marquantes afin de se distinguer auprès des politiques qui nous lisent… Nous, cette année, on a produit 780 bleus. On a dépassé l’objectif. À cause des attentats. »
© Jacques Guillet
Le 7 janvier 2015, deux tueurs encagoulés de noir sortent d’un immeuble du XIe arrondissement de Paris. Ils viennent de décimer la rédaction de Charlie Hebdo. Avec méthode et calme, ils font feu de leurs AK-47 sur les policiers appelés en renfort. Sans pitié, ils exécutent le brigadier Ahmed Merabet sur le trottoir du boulevard Richard-Lenoir. Et la France découvre, avec horreur, que le djihad s’écrit désormais dans les rues de Paris.
Depuis des mois, les services de renseignement s’attendaient à un attentat, cela n’empêche pas leur stupeur. Une carte d’identité oubliée dans la voiture ayant servi à la fuite des tueurs met les enquêteurs sur la piste des frères Kouachi. Témoignage de la panique qui envahit la DGSI : consigne est passée dans des antennes franciliennes d’aller taper aux portes de tous leurs « clients » islamistes radicaux pour vérifier s’ils sont chez eux ou en cavale, même quand ils n’ont aucun lien avéré avec les auteurs de l’attentat. « Certains avaient déjà été condamnés mais d’autres non et ignoraient que l’on s’intéressait à eux. Maintenant ils ne se posent plus la question… », déplorait un officier alors interrogé.
Le lendemain, des agents sont envoyés dans les différentes stations du GIC (le Groupement interministériel de contrôle, l’organisme chargé de réaliser les interceptions de sécurité) afin de remonter l’intégralité des écoutes sur une dizaine de jours, voir si rien n’a été loupé. Ils y resteront de 8 heures à 23 heures.
Aux renseignements territoriaux (RT, les héritiers des Renseignements généraux), c’est « réunionnite aiguë à tous les étages », selon Mathilde qui y officie. « Il faut produire des statistiques sur les convertis, sur les radicalisés, détaille-t-elle. La paranoïa règne. La moindre remontée d’infos rend nos chefs fébriles. Un tapis qui traîne dans un vestiaire, un chauffeur de bus qui se laisse pousser la barbe, ça devient l’affaire du siècle. »
Aux environs de 19 h 50, le jeudi 8 janvier, un agent des RT téléphone à l’ancien syndicaliste policier, Jo Masanet, leur conversation est écoutée en marge d’un dossier de trafic d’influence : « Bon, par contre… Faut savoir que, heu… On avait les informations déjà sur les individus… On les avait suivis, on les avait sur notre base de données… » Ils les connaissaient mais ne les surveillaient pas. « On avait constaté que la DGSI était dépassée par les événements, d’accord ? Donc, on a un gros souci, là-dessus… »
Au-delà des surveillances, des informations collectées dans le passé sur les Kouachi par diverses sources humaines et techniques (lire ici), on peut s’interroger sur le manque d’analyse prospective de « T », la sous-direction chargée du contre-terrorisme à la DGSI. Ce genre de travail a été défini par Bernard Bajolet dans un article pour la Revue Défense nationale en janvier 2014. Selon le patron des cousins de la DGSE, il s’agit d’« évaluer l’incertitude ». « Cette analyse se fonde sur les renseignements obtenus et l’expertise que l’analyste a de son sujet. Il est ainsi en mesure de prendre du recul sur les faits pour fournir un travail de réflexion permettant au destinataire de la note de mieux appréhender une situation, d’anticiper et de se préparer aux éventuelles conséquences. »
© Jacques Guillet
Un recul que n’auraient plus les analystes de la DGSI. « Pour respecter les quotas de productivité, on fait des notes sur tout et n’importe quoi, s’exaspère Michel. Par exemple, lorsqu’il y a l’interpellation d’un islamiste, une note. Le résultat de sa garde à vue, déferré devant la justice ou remis en liberté, une autre note. On nous inonde de demandes de notes avec des statistiques pour expliquer le phénomène djihadiste, pour justifier notre action, etc. Entre nous, on se surnomme “les peintres” parce qu’on passe notre temps à faire des tableaux Excel… On ne laisse plus de temps à l’enquête, à ceux sur le terrain. Là, les mecs ne sont pas partis qu’on leur demande déjà des notes... »
Selon lui, son service se noie sous cette paperasse. « On récolte des milliards de données, c’est vrai. Il faudrait qu’on arrive déjà à croiser trois fichiers… Alors on se contente d’analyses factuelles, on écrit des résumés, des explications de texte. On ne fait plus d’analyse prospective. On ne cherche plus à comprendre et anticiper les événements. »
Dans son rapport annuel, rendu partiellement public le 25 février 2016, la délégation parlementaire au renseignement met en garde « devant la multiplicité des capteurs, la profusion des informations collectées ». Selon son rapporteur Jean-Pierre Raffarin, « l’enjeu est désormais celui de la sélection, de l’intégration de l’enrichissement et de l’analyse ».
Justement, revenons aux mois qui précèdent le carnage de Charlie Hebdo. Fin septembre 2014, un certain Salim Benghalem est placé sur une liste désignant les terroristes les plus dangereux aux yeux du département d’État américain. Ce petit délinquant du Val-de-Marne, qui s’est radicalisé au contact des membres de la filière des Buttes-Chaumont parmi lesquels Chérif Kouachi, est, selon les États-Unis, devenu un des bourreaux de l’État islamique en Syrie. Or la DGSI a dans ses archives les traces d’un voyage effectué par Benghalem durant l’été 2011 à Oman. Sur les listings des vols aller comme retour figure, aux côtés du futur bourreau, Saïd Kouachi.
En janvier 2014, l’épouse de Salim Benghalem rapporte à la DGSI le récit que lui a fait son mari de ce voyage au cours duquel, via Oman, il aurait rejoint le Yémen et rencontré un membre haut placé d’Al-Qaïda dans la péninsule Arabique (AQPA). « Il y a reçu une formation à la manipulation des armes. Il m’a dit qu’il n’avait pas combattu mais que quelqu’un lui avait donné pour mission de commettre un attentat en France [...]. Salim m’a dit que tout était organisé. Il fallait qu’il se rende sur place avec une arme et qu’il tue tout le monde. » Le lendemain, elle complétera : « Il m’a dit que [son] groupe était constitué de plusieurs Français. » L’épouse ne prononce pas le nom de Kouachi mais c’est tout de même suffisant pour qu’à l’époque, la DGSI mette – un temps – sur écoutes Saïd Kouachi.
Le 17 décembre 2014, c’est au tour de Boubaker el-Hakim, principal inspirateur de la filière des Buttes-Chaumont, de se rappeler à la mémoire du contre-espionnage français, en revendiquant pour le compte de l’État islamique l’assassinat en Tunisie de deux opposants politiques. En trois mois, deux proches parmi les plus proches des frères Kouachi font parler d’eux, certes sur la scène internationale, mais la DGSI ne s’interroge à aucun moment sur le devenir de ceux avec lesquels on les suspecte d’avoir fomenté des projets d’attentats en France…
Au lieu de cela, comme nous le confiera à l’époque un policier chargé de la traque des tueurs de Charlie Hebdo, « la DGSI n'était pas au top sur les Kouachi ». « Leur documentation n'était pas à jour, poursuivait cette même source. Sur la dizaine d'adresses communiquées, plusieurs n'avaient rien à voir avec les suspects ou alors étaient périmées. » Les trois adresses éventuelles de Saïd Kouachi fournies par le contre-espionnage français se révèlent erronées. Dans l’une d’elles, à Pantin, l’électricité est coupée. Son dernier occupant est un homonyme âgé de 81 ans !
« La vérité, c’est qu’on est encore aveugle sur une partie du spectre djihadiste, avoue Michel. On multiplie les heures pour combler nos manques mais on a toujours un attentat de retard. »

Le grand blond avec une chaussure noire

La tête décapitée d’un homme pendouille, suspendue par une chaîne à un grillage, entre deux drapeaux de l’État islamique. Plus loin, dans le hangar d’une usine de l’Isère, un islamiste tente d’ouvrir des bouteilles d’acétone avant que les pompiers ne lui sautent dessus, déjouant ainsi son attentat.
Ce 26 juin 2015, Bernard Cazeneuve voit rouge quand il apprend que Yassin Salhi, le suspect qui a décapité son employeur et tenté de faire exploser un site Seveso, avait été fiché S avant de tomber dans l’oubli et de passer à l’acte. D’autant plus que cela fait suite aux ratés constatés sur le suivi de terroristes du mois de janvier, les frères Kouachi et Amedy Coulibaly, le tueur de l’HyperCacher ; tous déjà connus mais laissés libres de leurs mouvements du fait d’une mauvaise circulation de l’information entre les services de renseignement. Alors au cours d’une réunion place Beauvau, le lundi 29 juin, le ministre de l’intérieur met en garde les différents patrons des services : « Maintenant, je veux que vous vous parliez ! »
Le lendemain, il annonce la création de l’état-major opérationnel de prévention du terrorisme (l’Emopt) et son service de presse répète l’élément de langage principal : il faut qu’« il n’y ait plus de trous dans la raquette » de l’antiterrorisme. Rattaché au cabinet du ministre, présidé par un préfet ayant fait ses preuves en matière de coordination des forces de l’ordre en Corse – une gageure –, l’Emopt rassemble dix « experts » venus des différents services de renseignement et chargés de coordonner le suivi, en permanence et au cas par cas, de tous les profils à risque détectés.
Et qu’importe si un tel organe existe déjà. Créée en 1984, l’unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat) qui assurait cette mission continue néanmoins d’œuvrer. Dans un langage pour le moins diplomatique, Jean-Luc Taltavull, secrétaire adjoint du syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN), parlera devant la commission d’enquête sur les attentats de 2015 d’un « périmètre de compétence [qui se] chevauche quelque peu » entre l’Emopt et l’Uclat.
© Jacques Guillet
L’Emopt est donc supposé coordonner l’Uclat qui coordonne elle-même dix-neuf services. Sachant qu’une multitude de bureaux de liaison sont eux aussi présumés fluidifier les échanges d’information. Dans son rapport sur les moyens consacrés au renseignement, le sénateur Philippe Dominati s’est amusé à les recenser.
Il compte un bureau de liaison entre la DGSI et la direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP), un deuxième entre la DGSI et le service central des RT, un troisième qui réunit les deux précédents services mais cette fois décliné dans chaque zone de défense, un quatrième bureau regroupe la DRPP et le service central des RT. Pour être complet, il faudrait également ajouter la cellule Allât. Affublée du nom d'une déesse arabe pré-islamique, elle regroupe les représentants de chaque service de renseignement à la Ferme, le siège de la DGSI à Levallois-Perret. En ajoutant l’Emopt et l’Uclat, ce sont en tout sept organes de coordination, certains se déclinant et se multipliant par zones géographiques.
Et ce, sans compter les réunions bilatérales hebdomadaires ou mensuelles entre antennes locales, sans compter les référents DGSI et RT désignés au niveau régional et départemental, sans compter les échanges de personnels entre les RT et la sous-direction de l’anticipation opérationnelle (SDAO), le service de renseignement de la gendarmerie qui ne dit pas son nom.
Si ce n’est pas encore le système Gamelin évoqué par Michel, l’analyste, cela y ressemble. Pour un résultat qui laisse toujours à désirer. « On met des pansements sur une jambe de bois et ça nous prend tellement de fonctionnaires, se désole Marine en poste à la DRPP. Chez nous, nous avons en permanence un gendarme et un officier de liaison de la DGSI. Le gendarme est très sympathique, celui de la DGSI est passé une fois nous serrer la main mais on ne sait pas trop ce qu’il fait ici. Quant aux RT, lorsqu’on veut leur demander ou leur donner un renseignement, on doit contacter nos propres officiers de liaison en poste à Beauvau qui transmettent ensuite à la hiérarchie des RT qui fait redescendre à l’antenne locale. Ça serait tellement plus simple qu’on leur passe un coup de fil directement… »
Dans chacun des services, les interlocuteurs interrogés racontent tous les mêmes lenteurs, les mêmes contraintes. Tant et si bien que le sénateur Philippe Dominati écrit qu’il sera à l’avenir attentif à ce que la mise en place de l’Emopt ne se traduise pas « une fois encore par une complexification de l’architecture du renseignement intérieur ».
Avant même tout risque d’étouffement de ce mille-feuille administratif, le nouvel état-major incarne un point de crispation pour nombre d’agents sur le terrain en gérant une autre création consécutive aux premiers attentats de l'année 2015 : le fichier des signalés pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT). Près de 12 000 personnes radicalisées y sont répertoriées avec pour chacune d’entre elles, 110 cases – pas toutes remplies, loin s’en faut – détaillant leurs professions, adresses et lieux fréquentés, ainsi que leur degré de dangerosité et le service responsable de leur suivi.
« Ce fichier est une nouvelle machine destinée à déresponsabiliser notre hiérarchie, estime Michaël, officier de renseignement à la DGSI. Chaque objectif est affilié à un fonctionnaire. La date de prise en compte de l’objectif par ledit fonctionnaire figure même sur la fiche dédiée. Les collègues ont très bien compris le message : s’il se passe quelque chose, si l’objectif passe à l’acte, le policier qui a son nom inscrit sur cette fiche sera le premier qu’on ira voir et à qui on demandera des comptes. Donc les collègues passent la moitié de leur temps à exécuter des démarches qui ne servent à rien, juste pour se couvrir. Histoire de pouvoir dire : “Moi, j’ai fait une fadette [une facture détaillée des appels], j’ai fait une demande à la CAF pour déterminer son environnement familial. J’ai cherché, je n’avais pas relâché ma surveillance. S’il a commis un attentat, ce n’est pas de ma faute.” Sauf que faire une fadette pour faire une fadette, cela ne t’apprend rien. Un islamiste radicalisé, il y a des chances qu’il téléphone à d’autres islamistes radicalisés. La belle affaire. Si tu te contentes de cela, tu ne tireras aucun enseignement de ta fadette. Mais, comme de toute façon, tout ce que tu fais est quantifié, il existe même des statistiques sur le nombre de notes rédigées par fonctionnaire. Il faut à tout prix démontrer ta productivité. Alors, moi aussi, parfois, je demande aux opérateurs de téléphonie des fadettes… »
© Jacques Guillet
Et pendant ce temps, les gouvernants ont beau créer de nouveaux bureaux de liaison, multiplier les déclarations d’intention comme les coups de poing sur la table, les services communiquent toujours aussi difficilement entre eux. Le 24 mars dernier, la DGSI arrête Reda Kriket à Boulogne-Billancourt. Cet ancien braqueur francilien s’est radicalisé à Bruxelles au début des années 2010 au contact du même prédicateur qui enseigne à Abdelhamid Abaaoud, le coordonnateur des commandos du 13-Novembre, et à Najim Laachraoui, l’artificier de cette cellule terroriste.
Reda Kriket serait parti en Syrie et, en ce mois de mars 2016, on retrouve dans une planque à Aubervilliers un arsenal : des kalachnikovs, des armes de poing et, dans un Tupperware, quelques centaines de grammes de TATP, l’explosif ayant servi à Paris et à Bruxelles. Un probable nouvel attentat a été déjoué. Une victoire pour l’antiterrorisme.
Sauf que, selon des sources concordantes, la DGSE avait indiqué à la DGSI que Reda Kriket et Anis Bahri, un complice interpellé en même temps que lui, avaient rejoint l’Europe et étaient mandatés par l’État islamique pour commettre un attentat en France dès… septembre 2015. « On n'avait rien sur eux, on n’avait pas fait le boulot », se désole un officier de la DGSI alors que certains dans son service s’interrogent aujourd’hui quant à savoir si Kriket n'aurait pas pu assurer la logistique lors des attaques du 13-Novembre.
Il faudra que la police néerlandaise place en garde à vue – avant de les remettre en liberté – Kriket et Bahri, surpris en train de voler en début d’année 2016 boulons et clefs anglaises sur un chantier en périphérie de Rotterdam, et alerte les services français pour que la DGSI retrouve leurs traces. « Oui, le nom de Kriket figurait bien sur une liste donnée par la DGSE », admet un second officier. « Mais il y avait vingt noms ! », précise-t-il, façon de dédouaner son service et de rejeter la faute sur les cousins de la DGSE.
Dans son rapport déjà cité, Philippe Dominati tire la conclusion que « la multiplication des dispositifs de coordination ne semble pas avoir permis de mettre fin au climat de défiance entre les services ». Lors d’une réunion à la commission des finances le 7 octobre dernier, le sénateur Antoine Lefèvre s’était, lui, étonné de cette suspicion généralisée. « Depuis le film Le Grand Blond avec une chaussure noire [comédie d’Yves Boisset sur fond de rivalités au sein des services secrets], il semble que la situation n’a guère évolué. » C’est exactement ça.

La conjuration des immobiles

Dans la soirée du vendredi 13 novembre 2015, la DGSI est au premier rang. Littéralement. Un agent assiste en spectateur au concert des Eagles of Death Metal. En ayant réchappé, il téléphone depuis le passage Amelot à la Ferme pour avertir de la tragédie en train de se dérouler. Des commandos de l’État islamique sèment la mort au Bataclan, aux terrasses de cafés ainsi qu’au Stade de France.
Durant le week-end, chaque officier-traitant sonne les cloches de ses sources humaines. Comme, au lendemain de Charlie Hebdo, des fonctionnaires s’en vont aux GIC faire le point sur les écoutes. La plupart des terroristes se sont fait exploser avec leurs victimes mais il n’y a pas le compte, certains sont encore dans la nature et pourraient de nouveau frapper.
Les services de renseignement du monde entier inondent la DGSI de messages de soutien et d’informations. Les Américains de la NSA font don de leurs grandes oreilles et transmettent toutes leurs écoutes en cours. Les Algériens, les Chinois, les Marocains, les Russes y vont de leurs coups de pouce.
Au fur et à mesure, les kamikazes sont identifiés, deux d’entre eux ont transité par l’île grecque de Leros. À la Ferme, certains se souviennent avec amertume d’un renseignement donné, quelques semaines plus tôt, par leurs homologues lettons : « 4 000 djihadistes sont passés avec les migrants. » Cela avait fait sourire dans les étages de Levallois-Perret. « 4 000 ?! À ce compte-là, c’est tout le contingent d’étrangers de l’État islamique qui a rejoint l’Europe ! » Dans les jours qui suivent le 13-Novembre, la boutade n’amuse plus personne à la DGSI.
Chez les cousins des RT et de la DRPP, hormis ceux qui sont détachés sur la thématique islam radical, le week-end s’écoule… de façon très ordinaire. « On était désœuvré, rapporte un officier de la DRPP. On pensait qu’on allait nous rappeler, nous demander de filer un coup de main sur des filatures. Lors de la vague d’attentats en 1995, on patrouillait dans le métro. Cette fois encore, on se tenait prêt mais on ne nous a rien demandé. C’est dommage, on est tout de même supposé connaître un peu Paris. »

© Jacques Guillet
Alexandre Langlois a, lui, passé son week-end chez lui avant de faire lundi le planton au château de Versailles. Alexandre Langlois est à la fois officier de renseignement au service départemental des RT des Yvelines et secrétaire général de la fédération CGT-Police.
Dans le cadre de ce dossier dédié aux services de renseignements, il est le seul à avoir accepté de parler à visage découvert. Non pas parce qu’il s’estime protégé par son mandat syndical mais parce que, selon lui, chaque fonctionnaire est assujetti au « devoir d’information du public » tel que prévu par l’article 27 de la loi du 13 juillet 1983 qui définit le statut de la fonction publique. « Je ne parle jamais des dossiers en cours, explicite-t-il. En revanche, les dysfonctionnements des conditions d’exercice de notre travail, nous avons le droit, et même le devoir, de les dénoncer. »
Lundi 16 novembre, Alexandre passe donc la journée avec ses collègues des RT des Yvelines en costume-cravate à assurer la sécurité du château de Versailles où François Hollande a réuni le Congrès afin de proroger l’état d’urgence. « Nous étions tous là en point fixe, à faire les vigiles, de 10 heures à 18 heures. À 18 heures pétantes, on nous a dit : “C’est bon, vous pouvez rentrer chez vous !” Notre chef ne voulait surtout pas qu’on fasse d’heures sup… Le Congrès n’était pourtant pas encore terminé et nous n’avons pas été relevés par des collègues. Il faut croire que le travail qu’on nous avait assigné n’était pas très important ou alors que la menace terroriste a significativement baissé à 18 heures… On était frustré. En tant que service de renseignement, on aurait pu servir à autre chose. »
À Paris, Marine fait le même constat. « Depuis le 13-Novembre, c’est la grande mode de mettre un maximum d’effectifs dehors. Pas pour aller sur le terrain au contact de nos sources. Par exemple, si vous voulez aller voir un informateur qui a un problème personnel, ça, pour vos chefs, c’est inutile. Ce n’est pas quantifiable. En revanche, on nous impose de faire les statues. J’ai des collègues à qui on a demandé de surveiller pendant des journées entières les monuments, les magasins. “J’ai mis tant d’effectifs dans la rue”, ça, ils adorent. Ça, ils peuvent compter. C’est leur grand trip ! Malheureusement, cela se fait au détriment de vraies affaires en cours. »
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Encore et toujours la dictature du chiffre. « Il nous faut faire des statistiques sur le nombre de visites officielles que nous avons couvertes le mois écoulé dans le département, complète Mathilde depuis son antenne locale des RT. Resservir la soupe dix fois. On nous quantifie le nombre de notes à produire par an, par filière. Un groupe de quatre officiers peut se voir demander près de 400 notes par an. Cette notion de production est aberrante, le renseignement n’est pas quantifiable. »
Il n’est peut-être pas quantifiable, mais voilà, cela rassure les chefs en cette période d’attentats. « Vous voulez du chiffre ? Très bien, on fait du bâton ! On recopie des articles de presse et on fait croire que ce sont des notes. C’est tout ce que nos supérieurs attendent, une profusion de notes », raille Yann, le vieux RG dont le portrait a été dressé dans le deuxième volet de cette enquête.
Et ce besoin de se couvrir, de ne surtout pas se faire accuser d’avoir laissé passer quelqu’un ou quelque chose, se décline à tous les étages, dans tous les services. Mediapart avait rapporté (lire ici) les propos d’une source haut placée dans l’appareil d’État à propos de Tracfin, le gendarme de Bercy, qui demande à la DGSI et à la DGSE de lui fournir une liste de terroristes potentiels pour ses enquêtes financières : les deux services de renseignement lui ont fourni plus de 1 000 noms de suspects « à cibler prioritairement »…
Et dans ce concours de prudence généralisé, la figure du commissaire cristallise tous les griefs, à entendre ceux qui sont supposés obéir à ses ordres. Pour ce chef intermédiaire, coincé entre les hommes sur le terrain et la haute hiérarchie aux commandes toujours plus pressantes, la question ne serait plus tant d’empêcher un attentat que d’ouvrir le parapluie, à titre préventif, au cas où l’attentat serait commis par un suspect habitant son secteur. D’où le désir de notes, de données chiffrables, que l’on peut facilement présenter dès lors qu’il s’agit de rendre des comptes. Car, à l’échelle de la DGSI, un commissaire doit en permanence se justifier, comme l’avait détaillé Christian Ballé-Andui, le directeur régional du renseignement intérieur à Toulouse, entendu par le juge d’instruction dans le cadre de l’affaire Merah.
« La direction zonale [la DGSI est découpée en une direction centrale, des directions zonales, puis régionales et enfin départementales] est mon instance hiérarchique, c’est-à-dire qu’elle fixe mes objectifs stratégiques, elle valide mes notes de renseignements. Je lui rends compte quotidiennement de mes positions opérationnelles, de mes initiatives. » Les ordres de priorité sur tel ou tel islamiste suspecté de commettre un attentat font l’objet de décisions là aussi argumentées et motivées. « On essaye de les définir tous les quinze jours avec ma direction zonale, poursuit le même commissaire toulousain. Ils se font sur le critère de la dangerosité à partir d’éléments objectifs tels que le retour d’une zone sensible, le potentiel de violence que représentent certains objectifs, l’influence spirituelle. »
Depuis la vague d’attentats de 2015, la pression s’est accrue. Plusieurs interlocuteurs nous ont raconté la même anecdote : un chef de groupe dans une antenne départementale a surpris son supérieur, le responsable du contre-terrorisme sur le secteur, en larmes dans son bureau. Ledit responsable venait d’hériter d’un dossier particulièrement sensible et l’estimait trop lourd à porter sur ses épaules.
Les officiers font volontiers le procès des commissaires. Ainsi, me confie-t-on l’histoire de celui qui rectifie à la baisse le nombre des manifestants de la Manif pour tous sur la note rédigée par un de ses hommes afin, pense-t-il, de ne pas déplaire au préfet du département. Ou encore cet autre, trop tatillon, qui se refuse à transmettre la demande de branchement d’un proche d’un des terroristes passés à l’acte l’an dernier.
« Ta motivation ne me plaît pas. Tu n’as pas assez décrit son projet.
— Mais, justement, je le branche pour découvrir son projet... », lui rétorque l’agent auteur de la demande d’écoutes administratives.
Autant de reproches qu’il convient de relativiser.

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Il y a quelques mois, j’ai déjeuné avec un de ces commissaires exerçant ses talents dans un service de renseignement. Une vieille connaissance un temps perdue de vue, un gradé portant beau et aux analyses toujours fines. Ce jour-là, au fil de la conversation, il se livre sur un phénomène nouveau de violences urbaines qui l’inquiète.
Quelques jours plus tard, les événements lui donnent raison et j’hérite par un autre canal de documents qui permettent d’étayer le propos. N’ayant pas pris de notes au cours de notre repas informel, je le rencontre de nouveau dans le but de me refaire préciser son analyse. Bien sûr, je le citerai off. Mais là, devant l’imminence et la matérialité d’un article, ce commissaire bat en retraite, nie m’avoir tenu les propos que je lui prête une semaine plus tôt. Il n’y aurait pas de phénomène nouveau, jure-t-il ses grands dieux. Est-ce que cet épisode fait de ce commissaire un mauvais flic ? Non, juste un fonctionnaire habité d’une prudence excessive.
Mais ce type de comportement a une influence sur les subalternes. « Les fonctionnaires pour ne pas avoir d’ennuis anticipent, ils nuancent leurs notes pour ne pas être emmerdés », constate Karl, le syndicaliste déjà croisé dans le premier volet de cette enquête. « À force, on a compris, on prend le pli. On couche un maximum de noms de suspects dans nos tableaux, uniquement pour pouvoir dire qu’on avait bien ciblé le potentiel terroriste », rajoute Mathilde des RT, comme en écho aux propos tenus sur les fadettes par Michaël de la DGSI.
Ce qui contribue au gonflement artificiel de la liste des candidats au terrorisme. Lors de son audition devant la commission d’enquête sur les attentats, le représentant des commissaires Jean-Luc Taltavull s’est interrogé : « Le problème se pose de la sortie de la liste des suspects : une personne qui y aurait été inscrite [...] et sur laquelle des vérifications auraient été effectuées sans résultat doit-elle vraiment y demeurer ? » Une question prolongée par la patronne de son syndicat, Céline Berthon, entendue le même jour : « Le danger pour les services est de disposer d’une liste sans fin qu’ils n’auraient pas les moyens de traiter. »
Par chance, il y a désormais l’état d’urgence qui doit permettre de faire le tri dans la sphère djihadiste. En théorie.

Kafka au pays des barbouzes

Lorsque son supérieur lui ordonne de rédiger une demande de renouvellement d’assignation à résidence d’un islamiste présumé, Michaël lui avoue :
« Je n’ai rien. »
Le client en question avait des membres de sa famille partis faire le djihad ; lui mentait à ses amis sur le devenir de ses proches. Une attitude, dans le contexte post-13-Novembre, jugée suspecte par la DGSI qui obtient son assignation à résidence et écoute ses communications. « On avait un doute réel. On a profité de l’état d’urgence, on a pipeauté un motif bidon pour se faire accorder une autorisation d’écoutes administratives. Seulement ces écoutes le dédouanent sans l’ombre d’un doute : il n’est ni radical, ni impliqué dans les projets de ses proches. » Qu’importe, le supérieur insiste :
« Il faut une note ! »
Il n’y a pas de discussion possible. Alors Michaël obtempère, rédige une note a minima avec l’identité du suspect qui ne l’est plus et une référence à des textes de loi. « Mine de rien, ça m’a pris un après-midi pour trouver de quoi pondre une note qui avait l’air sérieuse pour justifier une assignation à résidence et de nouvelles écoutes et en même temps faire en sorte qu’on ne l’obtienne pas pour quelqu’un que je savais innocent. Des demi-journées perdues, on en cumule tous… »
L’assignation à résidence et les écoutes administratives du faux-suspect ne seront pas renouvelées.
L’état d’urgence décrété dans la foulée des attentats du 13-Novembre fait, chez les officiers de renseignements rencontrés, l’unanimité contre lui. Du moins dans la façon dont il est pratiqué. Son côté fourre-tout incitant à des dérives jugées contre-productives par les policiers.
Ainsi, un arrêté d'assignation à résidence peut être pris contre un individu dès lors qu'il « existe des raisons sérieuses de penser que son comportement constitue une menace pour la sécurité et l'ordre publics ». Une simple autorisation ministérielle suffit.
Quelque 400 assignations ont été ordonnées avant d’être levées, soit par le ministère de l’intérieur lui-même, soit sur décision des juridictions administratives lorsque les individus ont contesté la mesure devant les tribunaux. Il n’en resterait plus aujourd’hui que près de 80. Des avocats continuent de dénoncer des motivations s’appuyant sur des notes de renseignement non étayées, voire erronées.
Les agents rencontrés regrettent que, dans certains cas, ils ne puissent pas faire état des écoutes administratives ou de renseignements donnés par des services étrangers. Cette impossibilité de faire figurer les éléments souvent les plus tangibles qui justifient leurs demandes d’assignation les amène à en trouver d’autres plus farfelus. Ainsi dans un cas qui suscite toujours un contentieux administratif, un converti se voit reprocher dans une note blanche d’avoir été dénoncé par un collectif d’internautes qui traque les partisans des djihadistes sur Twitter.

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Sous l’état d’urgence, la perquisition administrative peut être autorisée aux mêmes motifs que ceux énoncés plus haut à propos de l’assignation à résidence. Elle peut même se dérouler de nuit alors qu’en temps normal et sous l’autorité d’un magistrat, elle doit avoir lieu entre 6 heures et 21 heures et doit viser à recueillir des éléments concernant des personnes soupçonnées d’avoir commis un acte criminel.
Là, c’est beaucoup plus flou et beaucoup moins bien organisé.
« En tant qu’officiers de renseignement, on nous demande d’assister les policiers qui opèrent ces perquisitions, peste Mathilde. Sur le principe, ce n’est pas illogique. Sauf que c’est fait sans aucune concertation. Vous pouvez très bien avoir passé votre journée de la veille déguisé en agent d’entretien ou avoir pris un café avec une source dans la cité et le lendemain matin, vous vous retrouvez à devoir y casser une porte. Vous grillez votre couverture ou plus grave, vous mettez en danger un informateur… »
Un autre officier ayant multiplié les perquisitions nocturnes narre une péripétie du même ordre : sur le procès-verbal de perquisition remis à celui qui vient de recevoir la visite des forces de l’ordre figure en bas du document l’identité du prochain sur la liste. « Manque de chance, cette nuit-là, le suivant était un de ses copains. Dès qu’on est parti de chez lui, il l’a aussitôt prévenu. Quand on est arrivé chez le second, la porte était ouverte et le suspect nous accueillait d’un “Je vous attendais”. Autant dire qu’on n’a rien trouvé de compromettant. »
Du danger d’un état d’urgence lorsqu’il s’applique dans l’urgence. Et là, dans cette précipitation, il a fallu obéir à une politique des quotas comme le révèle le syndicaliste Alexandre Langlois, en poste aux RT des Yvelines. « Lorsque l’état d’urgence a été décrété, notre chef de service nous a réunis pour nous transmettre les instructions ministérielles. Il nous a dit : “Maintenant, il faut faire des perquisitions administratives en masse. On doit donner au ministère un nombre de perquisitions à faire. Organisez-vous, il nous faut trois objectifs par nuit !” Les premiers temps, ça allait. Les gens que l’on choisissait étaient des suspects sérieux. Petit à petit, on a fait le tour et le choix des objectifs a été de moins en moins pertinent. »
L’état d’urgence s’éternise. Une nouvelle réunion a lieu. « Il nous a été dit : “Là, il faut ralentir la cadence. Il faut qu’on tienne sur le temps médiatique. Alors n’en faites pas trop car après on n’aura plus personne. Désormais, ce sera une perquisition par nuit ! Il faut que ça dure !” Mais, même comme cela, c’est devenu n’importe quoi. Je me souviens que pour l’un des perquisitionnés, cela reposait sur le simple fait qu’au travail, il avait refusé de serrer la main d’une femme mais c’était sa supérieure. Donc peut-être qu’il avait refusé de serrer la main, non pas parce que c’était une femme mais parce qu’il ne s’entendait pas avec son chef. C’est plutôt léger comme soupçon. Notre travail, en principe, c’est de faire la part des choses entre les gens vraiment dangereux et ceux qui ne le sont pas. »
Les commissariats locaux désignent eux aussi des objectifs à perquisitionner. « Mais, eux, leur filon d’islamistes s’est épuisé encore plus vite que nous, poursuit Alexandre Langlois. Alors pour remplir les quotas, certains ont fini par mettre sur la liste des gens qui n’avaient rien à voir avec l’islam radical ou le terrorisme. Les mauvais coucheurs de leurs circonscriptions, les petits délinquants qui leur pourrissent la vie, ceux insuffisamment condamnés à leur goût, etc. Les collègues des commissariats me racontaient : “Tiens, lui, le juge ne lui a pas mis le compte. Très bien, on va aller péter sa porte.” Voilà, c’est ça, l’état d’urgence. »
Plusieurs policiers, dans différents services de renseignement, nous ont confirmé la pertinence très aléatoire des cibles choisies pour les perquisitions nocturnes. Sollicité par mail, le ministère de l’intérieur n’a pas répondu à notre proposition de commenter nos informations.
D’après les chiffres d’Amnesty International, du 14 novembre 2015 au 29 janvier 2016, les autorités ont mené 3 242 perquisitions. Mais seulement 25 enquêtes liées au terrorisme ont été ouvertes dont 21 relèvent de l’« apologie du terrorisme ». Depuis, Bernard Cazeneuve a adressé un courrier aux préfets pour rappeler les règles dans lesquelles devaient s'appliquer les perquisitions administratives. À ce jour, les perquisitions nocturnes ne seraient plus pratiquées.
Ce qui n’empêche pas les quolibets de… l’État islamique. Dans un édito de sa revue francophone Dar al-Islam, l’organisation terroriste se gausse : « La mesure phare du gouvernement français pour faire face [aux prochains attentats], c’est l’état d’urgence ! Parlons-en justement. Des perquisitions totalement arbitraires, des assignations à résidence aux effets contre-productifs et une surveillance de masse qui tourne à la politique totalitaire. Soit tout le contraire d’un bon travail de renseignement, intelligent et ciblé. »
Le 4 mai, l’état d’urgence a été prorogé pour une durée limitée à deux mois englobant les périodes où doivent se dérouler l’Euro de football et le Tour de France, qui concentrent les craintes de l’antiterrorisme.
Dans la mémoire d’un ordinateur retrouvé au lendemain des attentats de Bruxelles, un échange de mails exhumé provoquerait des sueurs froides aux pontes de nos services de renseignement. L’un des terroristes prévient son interlocuteur en Syrie qu’il faut « oublier l’Angleterre », il serait trop aléatoire de rallier les îles britanniques avec de l’explosif. En revanche, le terroriste demande à son ami de procéder à un essai en Syrie, il voudrait savoir combien de kilos sont nécessaires pour faire sauter un train en marche et annonce vouloir avec ses complices mettre son plan en pratique lors de l’Euro de foot, en France.

© Jacques Guillet
Pendant que l’État islamique mobilise ses forces pour nous frapper de nouveau, nos services de renseignement se débattent dans un labyrinthe où il est plus important de se prémunir de tous reproches en cas d’attentats que d’empêcher ledit attentat. « L’architecture administrative reste trop complexe pour être durablement efficace, note en conclusion de son rapport le sénateur Dominati. Une nouvelle évolution de l’organisation du renseignement intérieur semble inévitable à moyen terme, compte tenu de la fragilité de la situation actuelle. »
Dans un système ankylosé, les discours de matamores et les bras que l'on gonfle ne suffisent plus à mobiliser les troupes.
Laissons le dernier mot à Mathilde, officier depuis huit ans aux Renseignements territoriaux :
« Les petits nouveaux finissent vite désabusés. La direction en a recruté plein suite aux attentats de janvier. On leur a vendu du rêve : “Vous allez créer votre panel de contacts, vous allez être incontournables sur le terrorisme.” Et ils se retrouvent cantonnés à des tâches administratives. J’en connais un arrivé depuis moins d’un an qui s’apprête déjà à demander sa mutation. Il préfère encore retourner en commissariat. Et les plus anciens qui quittent le renseignement sont remplis de rancœur. Ils ne laissent rien derrière eux. Le jour de leur départ, on entend la broyeuse qui marche. »

Roger.Guy · Jun 2, 2016

View attachment episode3-b.jpg?width=2008&height=1417&widt © Jacques Guillet
Sous l’état d’urgence, la perquisition administrative peut être autorisée aux mêmes motifs que ceux énoncés plus haut à propos de l’assignation à résidence. Elle peut même se dérouler de nuit alors qu’en temps normal et sous l’autorité d’un magistrat, elle doit avoir lieu entre 6 heures et 21 heures et doit viser à recueillir des éléments concernant des personnes soupçonnées d’avoir commis un acte criminel.
Là, c’est beaucoup plus flou et beaucoup moins bien organisé.
« En tant qu’officiers de renseignement, on nous demande d’assister les policiers qui opèrent ces perquisitions, peste Mathilde. Sur le principe, ce n’est pas illogique. Sauf que c’est fait sans aucune concertation. Vous pouvez très bien avoir passé votre journée de la veille déguisé en agent d’entretien ou avoir pris un café avec une source dans la cité et le lendemain matin, vous vous retrouvez à devoir y casser une porte. Vous grillez votre couverture ou plus grave, vous mettez en danger un informateur… »
Un autre officier ayant multiplié les perquisitions nocturnes narre une péripétie du même ordre : sur le procès-verbal de perquisition remis à celui qui vient de recevoir la visite des forces de l’ordre figure en bas du document l’identité du prochain sur la liste. « Manque de chance, cette nuit-là, le suivant était un de ses copains. Dès qu’on est parti de chez lui, il l’a aussitôt prévenu. Quand on est arrivé chez le second, la porte était ouverte et le suspect nous accueillait d’un “Je vous attendais”. Autant dire qu’on n’a rien trouvé de compromettant. »
Du danger d’un état d’urgence lorsqu’il s’applique dans l’urgence. Et là, dans cette précipitation, il a fallu obéir à une politique des quotas comme le révèle le syndicaliste Alexandre Langlois, en poste aux RT des Yvelines. « Lorsque l’état d’urgence a été décrété, notre chef de service nous a réunis pour nous transmettre les instructions ministérielles. Il nous a dit : “Maintenant, il faut faire des perquisitions administratives en masse. On doit donner au ministère un nombre de perquisitions à faire. Organisez-vous, il nous faut trois objectifs par nuit !” Les premiers temps, ça allait. Les gens que l’on choisissait étaient des suspects sérieux. Petit à petit, on a fait le tour et le choix des objectifs a été de moins en moins pertinent. »
L’état d’urgence s’éternise. Une nouvelle réunion a lieu. « Il nous a été dit : “Là, il faut ralentir la cadence. Il faut qu’on tienne sur le temps médiatique. Alors n’en faites pas trop car après on n’aura plus personne. Désormais, ce sera une perquisition par nuit ! Il faut que ça dure !” Mais, même comme cela, c’est devenu n’importe quoi. Je me souviens que pour l’un des perquisitionnés, cela reposait sur le simple fait qu’au travail, il avait refusé de serrer la main d’une femme mais c’était sa supérieure. Donc peut-être qu’il avait refusé de serrer la main, non pas parce que c’était une femme mais parce qu’il ne s’entendait pas avec son chef. C’est plutôt léger comme soupçon. Notre travail, en principe, c’est de faire la part des choses entre les gens vraiment dangereux et ceux qui ne le sont pas. »
Les commissariats locaux désignent eux aussi des objectifs à perquisitionner. « Mais, eux, leur filon d’islamistes s’est épuisé encore plus vite que nous, poursuit Alexandre Langlois. Alors pour remplir les quotas, certains ont fini par mettre sur la liste des gens qui n’avaient rien à voir avec l’islam radical ou le terrorisme. Les mauvais coucheurs de leurs circonscriptions, les petits délinquants qui leur pourrissent la vie, ceux insuffisamment condamnés à leur goût, etc. Les collègues des commissariats me racontaient : “Tiens, lui, le juge ne lui a pas mis le compte. Très bien, on va aller péter sa porte.” Voilà, c’est ça, l’état d’urgence. »
Plusieurs policiers, dans différents services de renseignement, nous ont confirmé la pertinence très aléatoire des cibles choisies pour les perquisitions nocturnes. Sollicité par mail, le ministère de l’intérieur n’a pas répondu à notre proposition de commenter nos informations.
D’après les chiffres d’Amnesty International, du 14 novembre 2015 au 29 janvier 2016, les autorités ont mené 3 242 perquisitions. Mais seulement 25 enquêtes liées au terrorisme ont été ouvertes dont 21 relèvent de l’« apologie du terrorisme ». Depuis, Bernard Cazeneuve a adressé un courrier aux préfets pour rappeler les règles dans lesquelles devaient s'appliquer les perquisitions administratives. À ce jour, les perquisitions nocturnes ne seraient plus pratiquées.
Ce qui n’empêche pas les quolibets de… l’État islamique. Dans un édito de sa revue francophone Dar al-Islam, l’organisation terroriste se gausse : « La mesure phare du gouvernement français pour faire face [aux prochains attentats], c’est l’état d’urgence ! Parlons-en justement. Des perquisitions totalement arbitraires, des assignations à résidence aux effets contre-productifs et une surveillance de masse qui tourne à la politique totalitaire. Soit tout le contraire d’un bon travail de renseignement, intelligent et ciblé. »
Le 4 mai, l’état d’urgence a été prorogé pour une durée limitée à deux mois englobant les périodes où doivent se dérouler l’Euro de football et le Tour de France, qui concentrent les craintes de l’antiterrorisme.
Dans la mémoire d’un ordinateur retrouvé au lendemain des attentats de Bruxelles, un échange de mails exhumé provoquerait des sueurs froides aux pontes de nos services de renseignement. L’un des terroristes prévient son interlocuteur en Syrie qu’il faut « oublier l’Angleterre », il serait trop aléatoire de rallier les îles britanniques avec de l’explosif. En revanche, le terroriste demande à son ami de procéder à un essai en Syrie, il voudrait savoir combien de kilos sont nécessaires pour faire sauter un train en marche et annonce vouloir avec ses complices mettre son plan en pratique lors de l’Euro de foot, en France.

View attachment episode3a7.jpg?width=689&height=294&width_ © Jacques Guillet
Pendant que l’État islamique mobilise ses forces pour nous frapper de nouveau, nos services de renseignement se débattent dans un labyrinthe où il est plus important de se prémunir de tous reproches en cas d’attentats que d’empêcher ledit attentat. « L’architecture administrative reste trop complexe pour être durablement efficace, note en conclusion de son rapport le sénateur Dominati. Une nouvelle évolution de l’organisation du renseignement intérieur semble inévitable à moyen terme, compte tenu de la fragilité de la situation actuelle. »
Dans un système ankylosé, les discours de matamores et les bras que l'on gonfle ne suffisent plus à mobiliser les troupes.
Laissons le dernier mot à Mathilde, officier depuis huit ans aux Renseignements territoriaux :
« Les petits nouveaux finissent vite désabusés. La direction en a recruté plein suite aux attentats de janvier. On leur a vendu du rêve : “Vous allez créer votre panel de contacts, vous allez être incontournables sur le terrorisme.” Et ils se retrouvent cantonnés à des tâches administratives. J’en connais un arrivé depuis moins d’un an qui s’apprête déjà à demander sa mutation. Il préfère encore retourner en commissariat. Et les plus anciens qui quittent le renseignement sont remplis de rancœur. Ils ne laissent rien derrière eux. Le jour de leur départ, on entend la broyeuse qui marche. »

Il faut voir le bon coté des choses, il y en a toujours un.
Il y a 20, 30 ou 40 ans un article pareil ça aurait fait des histoires terribles.
Avec une enquête fouillée sur l'auteur, ses collègues, le journal ....
(passage au crible de tout ; pratiques sexuelles, choix des vêtements, fréquentations, grands-parents, cousins, cousines ...., tout)

Vu que nous sommes en 2016 (même si il n'y a pas de nous ) je me demande si il y aura, et auquel cas quelle en sera la nature, des représailles.

Ci-joint un commentaire parmi les 22 (à ce jour)
Ça permet d'enfoncer un peu le clou, puisque ça va dans le même sens.

02/06/2016 01:00

Par OISELLE DU LEVANT

Finalement les institutions fonctionnent toutes de la même manière. Sauf que dans le renseignement, les conséquences de ces méthodes de management dignes du moyen âge sont très graves.
Dans ma ferme, la prime de fin d'année est proportionnelle à la quantité de notes produites. Alors les petits bleus restent visser à leur siège, ils doivent porter des couche culottes pour ne pas aller pisser! Résultat, aucun ne connait le terrain, et l'institution est morte, car les vieux qui osaient désobéir ne sont plus là pour s'occuper des dossiers de fond!
Finalement, tous les fonctionnaires sont interchangeables d'une institution à une autre. C'est pathétique.
Ensuite, il y a la réunionnite aiguë , le diplôme obligatoire de léchage de cul pour la hiérarchie intermédiaire , et le diplôme du dégainage de parapluie pour les supérieurs.
chez nous , les notes sont blanches, fabriquées en papier spécial non reproductible barrées de confidentiel ou autre.
Je comprends mieux pourquoi je n'ai pas trouvé d'interlocuteurs valables, quand j'ai surpris une chaine de TV de téléachat turque, qui vendait des kalachs, des uzis, des grenades...que les acheteurs recevaient par colis postal! Sur le deep web on trouve même des lance roquettes, des sig sauer!!! Les ouvreurs de parapluies ne savent pas bien sûr ce qu'est le deep web, ou un transponseur satellite ou une sous porteuse son.....
Parce que vos fichés S, s'ils n'avaient pas d'armes pour commettre des carnages, on en parlerait probablement pas...
Sarkozy a laminé le renseignement français. Il a oublié de penser avant d'agir. En matière de renseignement la PROSPECTIVE et la GÉOSTRATÉGIE sont fondamentales. En termes de structures, le système était bon et il fonctionnait. Il est vrai que les services manquaient de moyens techniques, et d'expertise humaine. Instaurer une culture du renseignement et repenser tout le système en repartant de zéro, voilà ce qu'il nous reste à faire. Il n'existera jamais de FBI à la française, pour la bonne raison qu'il n'y a pas en France d'Etat fédéral. Sarko a dû regarder trop de séries américaines !
Je me pose tout de même une question. Pourquoi tous ces agents obéissent de façon aveugle à des chefaillons qui pleurent dans leurs bureaux?
Je n'ai pas de corones au sens propre du terme, mais j'ai fini par dire NON et je me suis barrée. C'est une question de dignité.
Pour résumer ce terrible fiasco, je dirais que les Français adorent "enculer les mouches".
Les Américains et les Anglais appellent cela FUCK THE FLIES!

Celui ci aussi

01/06/2016 20:21

Par ISIDOR MAKI

Quelle tristesse. Quels gaspillages de compétences.
Tout ce binz organisé (désorganisé) par Sarkozy pour masquer ses propres turpitudes.
Il est urgent de sortir des méthodes US de renseignement.
Retour sur le terrain, écoute de la vox populi, des marchés , de la rue, des deals des cités , etc...
+ des moyens : voitures, internet, téléphonie, billets d'avions , pour des filoches et des écoutes efficaces.
Sauf si ON ne veut pas de résultats : c'est la vraie question.

L'autre est cité 2 fois ; une fois dans chaque commentaire.
C'est vrai qu'à l'époque je m'étais dit ; FBI à la Française, ça craint.
Ils auraient pu parler des brigades du tigre

(qui étaient, à l'époque, pourvus des dernières nouveautés techniques de pointe ; automobile, téléphone .... D'ailleurs à l'époque, il y avait déjà des histoires de terrorisme ; des anarchistes faisaient péter des bombes)
Chacun ses références.
(même si la part du mythe est conséquente)

Que fait le 1er ministre ?
Certains disent qu'il se retrouve parfois dans Clemenceau (sans violation de sépulture)

Sire Mespompes · Jun 2, 2016

Roger.Guy said: ↑

Que fait le 1er ministre ?

Il "lutte" contre l'antisémitisme.
A chacun ses priorités.

Thierry Roger L · Jun 2, 2016

Alors il est à la peine ; qu'il me passe le flingue, vu que je suis neutre (ma femme détient le monopole des prothèses de genoux ; c'est ca la politique à l'ancienne, non ?)

Thierry Roger L · Jun 5, 2016

John Duff said: ↑

Dans l'eau !
Je te laisse jouer, je passe mon tour

H8 : Coulé ! (protocole Surcouf)

Roger.Guy · Jul 6, 2016

cf. : https://www.mediapart.fr/journal/fr...ent-une-refonte-des-services-de-renseignement

Attentats: les députés réclament une refonte des services de renseignement

5 juillet 2016 | Par Matthieu Suc
La commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015 rend publiques, ce mardi matin, ses 39 propositions. Deux d’entre elles devraient faire grincer des dents au sein de la haute hiérarchie de la police et de la gendarmerie : les députés préconisent la fusion de plusieurs services de renseignement qui seraient directement rattachés au ministère de l’intérieur.
Une idée toute bête, de simple bon sens, mais qui s’apparente à un coup de pied dans la fourmilière : il faut simplifier le mille-feuille administratif que compose la communauté du renseignement française. La commission d’enquête relative « aux moyens mis en œuvre par l’État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier 2015 » rend publiques, ce mardi matin, à l’Assemblée nationale, ses 39 propositions.
Au cours de leurs six mois de travaux, les trente députés qui composent cette commission ont mené 190 entretiens au cours de 200 heures d’audition. Parmi les personnes interrogées, trois ministres, ceux de la justice (Jean-Jacques Urvoas), de l'intérieur (Bernard Cazeneuve) et de l'aide aux victimes (Juliette Méadel), ainsi que les directeurs de tous les services de renseignements, le préfet de police de Paris (Michel Cadot) et le procureur de Paris (François Molins). Classées sensibles, vingt des trente-quatre auditions se sont tenues à huis clos.
View attachment fenech.jpg?width=2200&height=1467&width_fo Georges Fenech, le président de la commission d'enquête, et plusieurs de ses membres. © Reuters
Deux des mesures présentées par le président de la commission, Georges Fenech (LR), et son rapporteur, Sébastien Pietrasanta (PS), risquent de faire tousser place Beauvau. « Nous n’accusons personne, assure Georges Fenech. Les patrons des services de renseignement, comme Patrick Calvar [le patron de la DGSI], sont remarquables, de grands professionnels réputés. Le problème ne vient pas des hommes mais est structurel. Nos services souffrent de la culture française des silos. On superpose les couches. » Pour y remédier, la commission propose donc de dégraisser le mammouth en supprimant certains services.
Le constat n’est pas nouveau. Le 1er juin, Mediapart le dressait déjà. Et dans son rapport sur les moyens consacrés au renseignement au sein de la police et de la gendarmerie, le sénateur Philippe Dominati estimait, le 7 octobre 2015, que « l’architecture administrative reste trop complexe pour être durablement efficace, en dépit de la mise en place de multiples mécanismes de coordination. Une nouvelle évolution de l’organisation du renseignement intérieur semble inévitable à moyen terme, compte tenu de la fragilité de la situation actuelle ».
Il n’empêche que la proposition no 14 du rapport sur les attentats, qui préconise la fusion de deux services et en supprime un troisième, serait une révolution. Les députés veulent en effet réunir le Service central du renseignement territorial (SCRT) des policiers et la sous-direction de l’anticipation opérationnelle (SDAO) des gendarmes au sein d’une direction générale du renseignement territorial. Cette nouvelle entité, chargée du renseignement de proximité, serait rattachée directement au ministre de l’intérieur.
Ensuite, les parlementaires recommandent la disparition pure et simple de la direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP) de Paris, compétente sur la capitale et la petite couronne francilienne. Ses effectifs dédiés à l’information générale viendraient grossir les rangs de la direction générale du renseignement territorial, tandis que ceux de ses hommes qui se consacrent déjà à la lutte contre le terrorisme rejoindraient la DGSI.
Une mesure qui paraît de bon sens sauf qu’elle risque de se heurter aux enjeux de pouvoir qui occupent les grands pontes des forces de l’ordre. Créer une puissante direction du renseignement territorial sous la tutelle directe du ministre et tuer la DRPP revient à priver le directeur général de la gendarmerie, le directeur général de la police et le préfet de police, les trois plus puissants personnages de la place Beauvau, de leurs services de renseignement…
Le rapport du sénateur Dominati l’envisageait déjà en octobre dernier mais n’avait pas été suivi d’effet. L’émoi national suscité par les massacres du 13-Novembre sera-t-il suffisant pour donner le courage politique de refondre les services de renseignement aux dépens des susceptibilités et des intérêts individuels ?
Cette réforme, si elle avait lieu, devrait également s’attacher à pacifier les relations très tendues entre policiers et gendarmes. Les premiers n’ayant jamais pardonné aux seconds leur intrusion récente dans le monde feutré du renseignement.
Un rapport du syndicat Alliance, majoritaire chez les gardiens de la paix, dénonce les « méthodes intrusives » des gendarmes. Un agent des Renseignements territoriaux (les ex-RG) dans l’ouest de la France raconte comment, selon lui, les militaires “copient-collent” « sans vergogne » les notes de son service, « en changeant le tampon, j’ai la preuve », avant de les produire au préfet. Les policiers dénoncent « la surenchère » des gendarmes qui ont « instauré une course aux résultats » et produisent « des notes contenant des informations brutes non vérifiées ».
Les gendarmes, eux, ont le sentiment d’être méprisés. Le sénateur socialiste du Loiret, Jean-Pierre Sueur, dans son rapport sur les filières djihadistes, rendu en avril 2015, regrettait que « la gendarmerie nationale qui, grâce à son maillage fin du territoire, devrait permettre de collecter de manière efficace ce renseignement de proximité, semble par ailleurs assez peu mise à contribution ».
La seconde proposition forte du rapport Pietransanta risque, elle, de hérisser le poil du ministre de l’intérieur lui-même. Au lendemain de l’attaque ratée d’un site Seveso dans l’Isère par un islamiste fiché S, Bernard Cazeneuve avait annoncé la création de l’état-major opérationnel de prévention du terrorisme (l’Emopt) chargé de coordonner le suivi, en permanence et au cas par cas, de tous les profils à risque détectés. Comme Mediapart l’avait raconté, un tel organe existait déjà et se nomme l’unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat). La commission d’enquête a pris acte de l’existence de ce doublon et propose de fusionner les deux services.
Une fois ce ménage fait, la commission innove en recommandant la création d’une agence nationale antiterroriste. « Nous avons été très marqué par l’exemple américain, avoue Georges Fenech. Le National Counterterrorism Center supervise l’ensemble des services de renseignement et dispose de 1 200 agents. Le chef de l’agence serait rattaché directement au président de la République ou au premier ministre, leur remettrait chaque jour la production quotidienne des services, attribuerait les budgets aux uns et aux autres. Et le premier directeur de service de renseignement qui ne jouerait pas le jeu et ne communiquerait pas ses informations serait viré. »
Pour le reste, il faudra attendre le 12 juillet prochain et la publication officielle du rapport pour étudier son contenu et examiner les éventuelles failles décelées par les députés dans le dispositif du gouvernement pour éviter ces attentats qui auront fait au total 147 morts et 516 blessés.
Les premières fuites dans la presse sur les éventuels ratés laissent sceptiques. Il y a d’abord la polémique sur le délai d’intervention de la BRI au Bataclan qui resurgit. Le patron du RAID, dont Mediapart avait raconté le fiasco lors de son intervention à Saint-Denis, a, semble-t-il, regretté lors de son audition de ne pas avoir été mandaté pour agir dans la salle de concert. De même que le patron du GIGN alors que, selon nos sources, la commission d’enquête confirme les informations publiées dans Mediapart dès le 8 février 2016.
Au lendemain des attentats, des retraités ou des proches du GIGN font savoir que des effectifs du GIGN se trouvaient dès 22 heures à la caserne des Célestins dans le Marais. Mais on leur aurait refusé d’intervenir alors que, selon eux, la tuerie se poursuivait au Bataclan. Lors d’une réunion place Beauvau en présence de Denis Favier, le patron de la gendarmerie nationale, Michel Cadot, le nouveau préfet de police de Paris, produit des images de vidéosurveillance quai des Célestins, qu’il a fait imprimer par ses services. On y voit le GIGN arriver à la caserne à 23 h 15. Cet horaire a bel et bien été confirmé par les travaux de la commission d’enquête. Mais cela n’est qu’une polémique alimentée par les relations d’inimitié entre les patrons de ces trois services d’élite.
Plus gênant, en tout cas demandant à être étudié en détail — ce que nous ne sommes pas encore en mesure de faire —, ce raté repris par plusieurs médias et dont Mediapart avait aussi connaissance : les services de renseignement belges, qui connaissaient la radicalisation de Salah Abdeslam, n'avaient pas entré cette information dans la base de données consultée par des gendarmes français qui l'ont contrôlé quelques heures après les attentats du 13 novembre, à Cambrai, près de la frontière franco-belge.
Une assertion qui fait réagir en Belgique. Des hauts gradés de la police d’outre-Quiévrain auraient demandé à être réentendus par la commission d’enquête des attentats de Bruxelles pour s’expliquer à propos de ce loupé qu’on leur impute.
Sans préjuger de ce qui en ressortira, on ne peut que constater que le plus gros « raté » dans la prévention des attentats ayant frappé l’Hexagone à fuiter dans la presse est attribué à un service de renseignement étranger.

Et le premier directeur de service de renseignement qui ne jouerait pas le jeu et ne communiquerait pas ses informations serait viré. »

Mais cela n’est qu’une polémique alimentée par les relations d’inimitié entre les patrons de ces trois services d’élite.

Il y a des boulots comme ça ; les gens ne s'aiment pas alors ils saccagent le boulot.
(déjà vu)
On ne bosse pas pour bien aimer ou mal aimer les gens avec qui on bosse.

Quoi que là c'est peut-être de la rivalité entre couilles.
Je sais comment ça se passe chez les mecs.
Je n'ai jamais été impressionné.

TRDTRD324564 said: ↑

La DGSI travaille dans son coin, les services d'espionnage extérieur aussi, le tout sous la chape de plomb du secret défense. Les services sont censés partager leurs tuyaux, mais, en réalité, chaque chasseur garde son gibier. Visiblement, la DGSI n'avait pas eu en mainles informations opérationnelles obtenues par Washington sur les déplacements au Yémen des frères Kouachi., les auteurs de la fusillade à Charlie, un Yémen évoqué par l'un des deux lorsqu'il emmène de force l'une de nos déssinatrices jusqu'au journal, ce 7 janvier, puis aussi lorsqu'il ouvre le feu dans les locaux. Ces infos ont-elles réellement été fournies à la France par les Américains, comme ils l'assurent ? La DGSE en a t elle été la destinataire, oubliant de rebasculer à la DGSI ? Encore un point à éclaircir. Selon lesdernières hypothèses, l'organisation yéménite Al-Qaida dans la péninsule arabique aurait en effet envoyé les Kouachi commettre leur oeuvre barbare au journal, DAECH était commanditaire des atrocités de Coulibaly, le troisième tueur.
Manuel Valls promet donc de prendre de nouvelles mesures afin de renforcer encore un arsenal déjà ultra répréssif, voire de couper des têtes. Oubliant, dans un bel exercice de communication, que l'organisation du renseignement d'aujourd'hui n'est autre que son grand oeuvre.

Laurent Léger, Charlie Hebdo 14/01/15

Les services sont censés partager leurs tuyaux, mais, en réalité, chaque chasseur garde son gibier.

Pas déconnant avec du recul ; même si c'est incomplet.

Le mérite de la création ne revient pas qu'à Valls.
Il y a eu Sarkozy avant, qui à la fin utilisait les services pour fliquer les journalistes qui découvraient un peu trop de trucs le concernant.
(les sources sont abondantes, relativement la discrétion qui a toujours entouré la question, à ce propos, notamment celles citées via wwp)
Il n'y a jamais eu de commission d'enquête parlementaire là-dessus.
Comme c'est bizarre.

D'ailleurs :

Créer une puissante direction du renseignement territorial sous la tutelle directe du ministre et tuer la DRPP revient à priver le directeur général de la gendarmerie, le directeur général de la police et le préfet de police, les trois plus puissants personnages de la place Beauvau, de leurs services de renseignement…

in https://www.mediapart.fr/journal/fr...ent-une-refonte-des-services-de-renseignement
Entre les pattes du pré-cité ou un nouveau, une nouvelle ....
Ayé, obligé de devenir hors la loi.

Sinon ils pourront faire un tour sur WWP, les dits responsables, privés de leurs services.
On connait des trucs.
Par contre personne ne parle sous la contrainte, pression et tout ce genre de choses.
Si c'est correct que ça ne pue pas la manip foireuse et que tout le monde est gentil ; on fait des signalements tout seuls, comme des grands ; même pas la peine de demander

Roger.Guy · Nov 20, 2017

Coucou !
Ca boum ?

Normalement oui, puisqu'.................. il y a riiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiennnnnnnnnnnnnnn ! ....................

Comme hurlaient des bleus (des nouveaux tous neufs si je me souviens bien) en tenue, devant les portes de la DCRI (ils s'appelaient comme ça à l'époque) de Charlestown (place de l’hôtel de ville, avant qu'ils déménagent) avant 2012
C'est bien ; quand il y a riiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiien, on a le temps de s'ennuyer.

La liste des clients de Nexa/Amesys s’allonge : de la DCRI à la Belgique en passant par la Turquie

14/11/2017 par redaction

Nos investigations, comme celles de Jean-Marc Manach ou d’Olivier Tesquet de Télérama avaient déjà permis de dresser une liste conséquente de clients d’Amesys, entreprise qui avait muté en Bull, puis en Nexa. Initialement, Reflets dénichait le projet Candy (bonbon en français) en Libye, qui sera suivi de Finger (deux doigts coupe-faim pour la capitale Doha) au Qatar, PopCorn au Maroc, Crocodile (le bonbon Haribo) au Gabon, Kinder en Arabie saoudite, Miko (les glaces) au Kazakhstan. Puis vint Toblerone en Egypte, révélé par Télérama. Cette fois, Reflets.info dévoile la liste des clients de Nexa Technologies fin 2016. Elle est assez longue, même s’il est raisonnable de penser que tous ne sont pas équipés d’un Eagle ayant vocation à intercepter les communications de l’ensemble d’un pays.
Cette liste comprend en vrac des personnes physiques, des entreprises et des émanations étatiques, généralement des services de renseignement. On y retrouve les pays fâchés avec les Droits de l’Homme et quelques officines étatiques douteuses déjà citées dans nos colonnes comme le fameux State Security Bureau (client n° « 00035 ») à Doha.
Le « State Security », écrivions-nous déjà le 7 décembre 2011, est « une entité indépendante », mise en place en 2003, qui ne rend de comptes qu’à l’Emir du pays et qui lutte, notamment, contre le terrorisme et le blanchiment d’argent sale. Sa latitude dans le choix de ses enquêtes est totale. Une véritable « entité démocratique », en quelque sorte. »
Autre client peu reluisant, le SILAM au Gabon ( projet Crocodile) que nous évoquions en mars 2016. Le SILAM a été pointé du doigt dans diverses affaires et a un long passé d’écoutes téléphoniques « à la demande ».
Les petits nouveaux…

Mais dans la liste des clients à laquelle Reflets.info a pu avoir accès, apparaissent quelques nouveaux clients pour le moins singuliers.
Ainsi, la Commission européenne (client n° « 00014 ») pour laquelle on se demande bien ce qu’elle peut acheter à Nexa.

Autre client intéressant, le n° 00012 : DRCPN/DGSI. « La DRCPN est chargée au sein de la direction générale de la Police nationale (DGPN), de l’administration générale, de la gestion des moyens, des ressources humaines et budgétaires ainsi que de l’action sociale de la police », indique le site du ministère de l’Intérieur. Difficile de voir en quoi la DRCPN peut être intéressée par les solutions proposées par Nexa. Pour ce qui est de la DGSI, c’est plus simple. Reste à savoir quel produit (et pour quel usage) est vendu au renseignement intérieur français. Nexa ayant développé une expertise dans les « décodeurs de protocole », on peut néanmoins avoir quelques intuitions…
Autre client, pour le moins prestigieux : le Ministère de la défense. Mais il faut savoir lire entre les lignes. Pour connaître l’entité du ministère qui est concernée, il faut savoir qui se cache derrière la « Case 75/C » indiquée dans l’adresse. Par exemple, la « Case 75/G3 » correspond à la Direction du renseignement militaire. En dépit de nos efforts, nous n’avons pas encore réussi à identifier l’entité qui se cache derrière la « Case 75/C ». – EDIT du 14/11/2017 – 21h30 – Selon nos informations, la Case 75/C correspond à la Direction Générale du Renseignement Extérieur (DGSE) –
Ooredoo, le client n° 00027, est, selon Wikipedia, « une société de télécommunication d’origine qatarie. Elle possède plusieurs participations dans Wataniya Telecom, Nawras, Tunisiana, Asiacell, Indosat. La société est présente au Moyen-Orient, en Europe et en Asie, incluant l’Algérie, l’Indonésie, l’Irak, le Koweït, le Myanmar, les Maldives, Tunisie3 . Ooredoo a publié dans un communiqué avoir plus de 114 millions de clients en septembre 2015« . Tout un programme (d’écoute ?). En fait, il s’agit de QTel, dont nous reparlerons.
Le client n° 00032 n’est autre que le Service général du renseignement et de la sécurité belge.
Enfin, notons le client n° 00039, la Turquie. La présence de la Turquie dans la liste des clients de Nexa pose question. En effet, dans son article sur le projet Toblerone en Egypte, Olivier Tesquet de Télérama indique : « Ces deux dernières années, la commission n’a opposé que deux refus à Amesys : pour la vente de technologies d’interception aux services secrets pakistanais (la DGSE a posé son veto), et pour l’exportation de deux systèmes de surveillance – dont un satellitaire – vers la Turquie, en novembre 2016, moins de six mois après le putsch manqué contre Erdogan (on a bondi, au ministère des Affaires étrangères).« . Nexa serait-elle passée outre la volonté de l’État français ?
L’article de Télérama donnait quelques pistes pour les ventes récentes de Nexa : « Amesys a obtenu neuf autres licences depuis le début de l’année 2016 : trois en Afrique de l’Ouest, deux au Moyen-Orient, une en Afrique subsaharienne, une en Europe, une en Asie et une en Amérique du Sud. »
Selon les documents auxquels Reflets.info a pu avoir accès, en Amérique du Sud, le client pourrait être le Venezuela.
Gamma Group éditeur du tristement célèbre logiciel FinFisher se trouve également dans la liste des clients de Nexa (n°00017). La nature de leur relation commerciale reste pour l’instant inconnue.
Enfin, un client (le n°0007), Camusat, nous intrigue. L’Express a publié un portrait hagiographique du patron de cette entreprise, Richard Thomas. Extraits : « Richard Thomas est un baroudeur des télécoms. Kidnappé et libéré contre une rançon en Bulgarie, retenu à Haïti après un tremblement de terre et une épidémie de choléra, envoyé « en mission » au Kosovo, ce diplômé d’un BTS d’électronique s’est expatrié dès l’âge de 22 ans en Roumanie, peu après la révolution de 1989, pour implanter un réseau d’antennes mobiles GSM. Une expérience suffisamment probante pour que son entreprise Camusat soit retenue par France Télécom pour déployer d’autres réseaux au Liban, à Madagascar, en République dominicaine, au Mali. » (…) « Richard Thomas réalise quasiment la totalité de ses 158 millions de chiffre d’affaires à l’étranger, dans trente-cinq pays, en particulier au Myanmar où travaillent 300 personnes pour la société bourguignonne ». Contacté par Reflets.info, Richard Thomas n’a pas répondu à nos sollicitations.
De cette liste à la Prévert, ressort un enseignement principal : loin d’être échaudé par la procédure en cours devant le Tribunal de Paris pour complicité de torture, la même équipe qui avait vendu un Eagle à la Libye continue de vendre à des pays dont il est indiscutable qu’ils ne respectent pas les Droits de l’Homme. Le commerce est profitable. Ceci peut expliquer cela pour Stéphane Salies qui, outre son salaire perçoit de très juteux dividendes via son fonds Allegretto Asset Management.

https://reflets.info/la-liste-des-c...dcri-a-la-belgique-en-passant-par-la-turquie/

Un article en accès libre ; je le colle !

(c'est toujours ça que les boches n'auront pas ; en plus ils sont emmerdés avec les élections en ce moment et ils n'ont pas de Macron pour endormir la galerie)

A propos d'Amesys ; il y a de la doc dans le forum (notamment et pas seulement dans la section Anonymous pour la liberté d'expression)

Plus

AMESys : les méandres d’Internet sont impénétrables…

16/11/2017 par redaction

C’est troublant, et pourtant c’est une information confirmée : une vidéo d’interview d’AMESys est en ligne… sur Youporn. A la rubrique « french data porn ». Ça ne s’invente pas. Les méandres d’Internet sont vraiment impénétrables.
https://www.youporn.com/watch/14183837/french-data-porn/

https://reflets.info/amesys-les-meandre-dinternet-sont-impenetrables/

Le fichier image est visible là :
https://reflets.info/wp-content/uploads/2017/11/IMG_0198.jpg
Pareil ; si vous n'activez pas le lien vos Dieux ne pourront pas vous punir
Là de toutes façons, pas de censure possible ; reflets ce n'est pas you tube

https://reflets.info/wp-content/uploads/2017/11/IMG_0198.jpg

Roger.Guy · Jan 16, 2018

C'est en accès libre (pourquoi je sais pas), donc je colle

La DGSE, l’École 42 et le petit bonhomme en mousse

14/12/2017 par Antoine Champagne - kitetoa

Dans un article sur la refonte de la cyberstratégie tricolore en cours, Intelligence Online nous livre une information qui a, il faut bien l’avouer, fourni la matière à une flopée de blagues piscinesques lors de la dernière conférence de rédaction. Selon IOL « Les services de renseignement, DGSE et DGSI en tête, regardent d’ailleurs avec attention les expériences dans ce domaine et réfléchissent à comment coopérer avec l’Ecole 42 et le méga-incubateur de startups Station F« .
L’école 42 pour cyber-défendre la France ?

Ayé !
On est sauvés.

Le plus chou dans cette histoire c'est qu'à peu de choses près, le DGSI aurait pu croiser Calin, à l'école 42.
Ils l'ont arrêté après qu'il ai participé a des attaques Ddos via IRC (on lui avait dit qu'il allait se faire baiser en faisant comme ça ; il suffisait de voir comment cela se passait la coordination des attaques via IRC)

J'ai bon ?
Il a intégré l'école 42 par la suite

J'ai bon ?

Comme quoi on peut arriver à quelque chose, même en ayant glandé quelques temps avec ce qui fait de moins affuté chez les anons.

Roger.Guy · Mar 7, 2018

27 000 policiers payés alors qu'ils n'ont jamais travaillé.
Pffff !!!!!!!!!!!!!!!

Roger.Guy · Mar 7, 2018

Roger.Guy said: ↑

27 000 policiers payés alors qu'ils n'ont jamais travaillé.
Pffff !!!!!!!!!!!!!!!

On me dit dans l'oreillette que cela se passe maintenant, en ............................. Afghanistan.

Ca a servi à quelque chose l'intervention en Afghanistan, chef(fe) ?

Roger.Guy · Apr 13, 2018

Le clou de ce thread ça a été d'apprendre que certains intervenants via wwp étaient dans les papiers des services.
(une fiche ou une note à la mord moi le sexe)

C'est quand que l'on pourra voir la fiche de Paul Bismuth (pas le vrai, le pauvre) ?
Pourquoi XXXX n'est pas fiché ?
Vous avez oublié des trucs dans ma fiche ......................

etc......................

Roger.Guy · Apr 25, 2018

Roger.Guy said: ↑

Chtung !

mots clés
Sarkozy, Valls, AB conseil,
https://www.lexpress.fr/actualite/s...lucratifs-conseils-d-alain-bauer_2002208.html

Ils sont au courant la DGSE et la DGSI ?
Ca les concerne un petit peu quand même ; 2 anciens ministres de l'intérieur, un ancien président de la République.
Il ne manque plus que le pape et les illuminati (pour les plus humbles intellectuellement ; ils ont le droit à leurs croyances aussi)

et parler à ses concitoyens le même langage qu’une grande partie d’entre eux entendent depuis toujours dans leurs églises, voire dans leurs écoles. Ainsi, il transforma cette intervention en une croisade des forces du bien contre les forces du mal,

la scène religieuse américaine est à l’opposé de la nôtre. Plus de 90 % des Américains croient en Dieu ; 80 % se déclarent chrétiens. Les catholiques représentent environ 25 % de la population ; les protestants, 48 %, dont les quelque 30 % d’Américains évangélistes qui s’arrogent l’appellation de « chrétiens » et évangélisent en permanence leurs interlocuteurs. Enfin, 77 % d’Américains croient que la bonne marche de la nation dépend de sa santé spirituelle ; 72 % estiment que leur vie n’a de sens que parce qu’ils ont la foi [3

droite chrétienne, millénarisme et messianisme américains .... ça ne peut pas bien se passer avec la loi de 1905 (sans la rogner aux entournures ; ça a déjà été tenté)
Ils doivent savoir cela à la DGSE et à la DGSI.

Il se dit que pour Trump c'est sim-sim niveau base électorale aux states.
(évidemment)

bibi la carotte · Apr 26, 2018

mais que fait la police ?

Roger.Guy · May 18, 2018

bibi la carotte said: ↑

mais que fait la police ?

Il y a la gendarme rie aussi, les gens .... bref ; ce n'est pas la peine de les emmerder pour une histoire de oui ou non et tout le bataclan (c'était presque un mot du langage courant avant d'être connoté relativement au 13 novembre 2015 désormais, pour beaucoup. Même quand la salle de spectacle existait déjà ; le terme bataclan pouvait renvoyer à autre chose, en français)

Il sont peut-être occupés à jeter un oeil sur ceux contre lesquels une plainte pour viol a été déposée, des fois qu'ils voudraient tenir le rôle de Tony Montana (c'était une référence cinématographique à une époque pour des jeunes) ; dans le genre menaces, pression, intimidation, toussa (ou guerre psychologique ; il n'y a pas que l'OSA qui sait faire)

Roger.Guy · May 19, 2018

A-t-on des nouvelles de la French touch ?

(il parait que des étrangers avaient la banane quand on leur disait qu'il y avait des français sur le coup, pour certaines choses, à une époque)

monsieur nardy · May 20, 2018

roger...........chuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuttttttttttttttttt

Roger.Guy · May 21, 2018

monsieur nardy said: ↑

roger...........chuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuttttttttttttttttt

Chez les gens biens (de la classe supérieure, l'élite comme ils disent) ils disent comme ça pour qu'on leur obéisse

Même quand il y a un cadavre dans le placard avant qu'il y ai des morts (vu ce qui s'est passé après, sachant ce que l'on sait maintenant avec du recul dans le temps)

monsieur nardy said: ↑

roger...........chuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuttttttttttttttttt

Je ne parle plus, même tout seul (pour tester si je suis branché ; avec un putain de retour en haut de la colline à des yeux. Je ne pourrai jamais le prouver en plus ; c'est parole contre parole) chez moi qui n'est pas chez moi (où que je sois je suis chez eux, pour ces gens là)

Un chez moi qui n'est pas chez eux, j'y aurai droit un jour ?
Des gens qui ont reçu la légion d'honneur en plus (ils ont du couvrir un meurtre) sous Sarkozy.

Mon pote m'avait di en 2014 ; ... Thierry fait ce que tu as à faire et barre toi de là ... (il a réussit à s'enfuir lui)
Il avait arrêté de bosser dans le BTP comme conducteur de travaux (il en avait les moyens déjà) parce qu'il en avait marre de se coltiner des gens qui parlaient mal (pire que des animaux qui ne parlent pas)

Encore un Thierry celui là aussi.

Blue screen of death FR · Jun 25, 2018

Qui est toujours chaud pour effectue plein de demande comme celle à la base de ce thread pour une op ?

Roger.Guy · Jun 26, 2018

Blue screen of death FR said: ↑

Qui est toujours chaud pour effectue plein de demande comme celle à la base de ce thread pour une op ?

On est tous occupés ailleurs ; on s'attaque aux sites du ministère de la défense.
Ils nous ont dit que la 4ème armée* avait besoin de s'entrainer et de bien se marrer.

Alors par civisme ....

Roger.Guy · Jun 26, 2018

* les nouveaux quand ils arrivent.
Tout le monde se doute que ceux de la promotion 2017 s'en tapent comme de l'an 40 de wwp

Ils sont un peu formés quand même désormais ; Réveillez vous ! comme disent les témoins de jehovah
(elle m'a toujours fait rire celle-là)

Roger.Guy · Jun 29, 2018

J'ai l'impression qu'avec cette histoire de coupe du monde de foot les gens ont l'air moins crispés (le contraire d'une période électorale)
C'est peut-être aussi parce que le tambourin médiatique les bassine moins avec des histoires de terrorisme vu qu'il bat pour le foot.

Bon si la France est éliminée ce soir ; ça va peut-être recommencer

(pas les attentats ; plus de gens qui font la gueule et en veulent à tout le monde et plus d'histoires de terrorisme à la télévision)

J'arrête si je tombe sur des superstitieux maladifs, ils risquent de s'en prendre à moi en disant que je vais faire perdre la France.
Ou plus tard ; que si elle a perdu c'est à cause de moi.

Il y a des cintrés partout si vous saviez.

Roger.Guy · Jun 29, 2018

Par contre si la France gagne tout à l'heure, les mêmes ne diront pas que c'est grâce à moi.

Ils trouveront un autre prétexte pour essayer de me faire chier.
On voit bien qu'il y a de l'injustice là-dedans ; pas la peine d'être juriste pour s'en rendre compte.

Roger.Guy · Jun 30, 2018

00h24 Aucun mème dira que c'est grace à moi. Ca serait la preuve qu'il est cintré.

Blue screen of death FR · Jul 2, 2018

Perso je ne regarde pas le foot.
Mais sa ne m’empêche pas d'être heureux et de ne pas "faire la gueule".

Blue screen of death FR · Jul 2, 2018

Mais bon, si sa permet à certain d'être heureux, pourquoi pas.

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